Quelques lettres de l'Abbé Joseph Trèves Pierre Gorret

Quelques lettres de l'Abbé Joseph Trèves 11 TROISIÈME LETTRE . L'auteur me félicite de ma détermination de fréquenter l'u­ niversité de Fribourg depuis deux mois, me donne d'opportunes et précieuses recommandations et sans fausse modestie révèle son action de propagande pour la Caisse Nationale de Prévoyance pour la Pension du travailleur dont il fut le pionnier dans notre Vallée. Il fait ensuite un éloge bien mérité de ses collaborateurs. à la hâte Planaval, ce 1 1 janvier 1 9 1 1 Cher Ami, Me voici finalement à toi. Pardon du retard absolument invo­ lontaire ; j 'ai été une semaine en tournée de propagande en Valleise et au retour le travail de disbrigo de la correspondance la plus urgen­ te m'a absorbé. Tout n'est pas fini. Je me propose encore d'écrire en ce mois de 25 à 30 lettres, pour le moins . Mais en ce moment me voici à toi . Un devoir de justice et d 'amitié m'y obligent ! Merci sans doute de tes bonnes paroles à mon égard ; que tu m'aies complètement oublié, je ne le croirais pas, quoique ton at­ titude inquisitoriale à mon égard durant ton séjour à Valgrisenche ne me soit guère restée sympathique, ni ne m'aie semblée justifiée, ni correspondant au besoin de confiance et de fraternité que l'on sent plus prépotent . Tu as pu, je pense, :l 'expérimenter lorsque l 'on habite la solitude de la rude et haute montagne. Mais de ceci c'est mieux d'en parler à tu per tu. Je suis bien aise, certes, que ta santé soit bonne et que tes étu­ des t'aillent bien, oui beaucoup ! Je te félicite d'avoir pris cette in­ tellectuelle, chrétienne et patriotique détermination de te perfection­ ner dans les études et dans la littérature. Dès que tu y es, tends aussi haut que tu peux ! N'aie pas peur d'aspirer trop haut ! Est-ce qu'un prêtre, de nos jours surtout, pour­ rait être trop cultivé , ou bien avoir trop de diplômes ? Et de grâce, nous Valdôtains, mettons une bonne fois de côté ce préjugé atavique que nous sommes inférieurs aux autres en intel-