- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1985

Langue française et institutions du Duché d'Aoste 9 quels étaient inspirées, en vallée d'Aoste, soit les autonomies un peu archai:ques d'un pays d'état (leurs assemblées féodales apparaissaient désormais peu aptes à dominer les situations, à faire face aux avatars de la politiques moderne, des grandes luttes dynastiques), soit l'appli– cation du droit coutumier, qui lie la vallée d'Aoste à des pays fran– çais qui se trouvent meme en deça de l'aire linguistique de la langue d'oli, camme plusieurs provinces de la Bourgogne (camme l'a sauli– gné le grand historien du droit français Glasson au tome VIII de son Histoire, 1903, p. 18), se.transforme peut-etre un peu, car les attitu– des des admirateurs et des ap6tres de ces modèles - nous pouvans citer le savoyard Claude de Seyssel, auteur d'un traité sur la Monar– chie de France, sur la «grande monarchie», inspiré par l' admiration pour Lauis XII, le bon roi de France, «père du peuple»- subissent le choc d'une réalité cruelle, et le centraste entre la fidélité aux ducs de Savoie et les prétentions des envahisseurs du Piémont et de la Savoie les mettent à l'épreuve. Mais il reste toujours vrai, que si les princes de Savoie «vivaient et vivent à la française», pour citer Seys– sel, leurs sujets «entendent le langage [français] ainsi que leur propre et le parlent la plupart d'eux» (je cite La Monarchie de France, éd. Poujol, Paris 1961, pp. 66-67). Emmanuel-Philibert se rapprocha de l'Espagne et prit le comman– dement des troupes de Philippe II, en les conduisant à la victoire, en 1557, à Saint-Quentin, mais cela ne l'empecha pas de resserrer de nouveaux liens avec la dynastie française - n' oublions pas que François I était le fils de Louise de Savoie- par san mariage avec la fille de ce roi, Marguerite, duchesse du Berry, en 1559. Cette princesse avait été élevée par Marguerite de N avarre, qui était sa tante et sa marraine, et qui avait substitué en quelque sorte sa mère, morte prématurément. Elle était tellement passionnée pour les belles lettres et pour les études, qu' on l' appelait la «Minerve de France». Sa petite cour avait été fréquentée par les poètes de la Pléiade, qu'elle avait protégés. Elle partageait les sentiments d'huma– nisme tolérant du chancelier Michell'Hospital, qui joua un grand r6le pour parvenir à éviter les luttes et les persécutions contre les huguenots français. Son attitude s'exprima dans un édit du janvier 1561, qui donnait quelques garanties de liberté aux réfarmés pour

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