- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1985

Langue /rançaise et institutions du Duché d'Aoste 13 dévoué, et qui appartenait à un corps délibérant illustre, le Sénat de Savoie. En lisant avec attention le procès verbal qui précède le texte des coutumes, rédigé par cet éveque, il est facile de discerner des traces d'une sourde lutte contre les privilèges les plus dangereux et les abus les plus nuisibles pour l'Etat et pour le peuple tout entier, dont le clergé et les féodaux usurpaient les droits. Les rédacteurs des coutumes travaillèrent longtemps, pour faire front aux résistances des grands privilégiés: ils ne parvinrent à éta– blir un texte définitif qu'après la mort d'Emmanuel-Philibert, c'est– à-dire en décembre 1581. Charles-Emmanuel I, le fils unique d'Emmanuel-Philibert et de Marguerite de France, avait à peine inau– guré san règne: cela donne plus de relief aux courageuses déclara– tions que nous lisons dans le procès verbal auquel nous nous sommes déjà référés, pour ce qui regarde les rapports avec l'Eglise, et aussi à une évocation, assez habile, des intentìons manifestées par le feu due Emmanuel-Philibert, de très heureuse mémoire, de ne pas avoir voulu «comprendre l'église, ni biens d'icelle dépendans, en l'Edict octroié le jour 14e mai 1565 , paur l'égard des fiefs du présent pays»... Tout ceci fait part d'une «captatia benevolentiae», à laquelle an fait suivre l'affirmatian de draits de l'Etat et du pays, cantre le débar– dement de la jurisdiction ecclésiastique, farmulée dans les termes suivants: en répondant sur laJurisdiction prétendue par les dits Seigneurs Ecclé– siastiques, on leur nie formellement en matière laye, prophane, réelle, ni mixte leur appartenir aucune connaissance, ni Jurisdiction sur les Lays, ni biens par eux tenus , ores qu'ils soient movans de la directe autorité de l'Eglise. Cette déclaration nous révèle l' antaganisme, qui se cachait sous une apparente harmanie, entre les deux ardres privilégiés, le clergé et la noblesse. Mais c'est surtaut contre les prétentions des éveques qu'on s'insurge: an remarque que le due a «déragé» (c'est-à-dire qu'il n'y a donné aucune suite) au plus dangereux des privilèges que les éveques d'Aoste lui avaient arraché, celui de leur attribuer des droits en matière temparelle, en instituant un tribunal ecclésiastique daué de certaines compétences qui débardaient au-delà du terrain religieux

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