- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1985

Langue française et institutions du Duché d'Aoste 15 dans le bon sens: très rarement, à cette époque, pour le «bien commun»! L'Eglise prétendait aussi d' «innover», dans un esprit de rigueur, souvent très éloigné de la douceur évangélique:à Aoste, comme ail– leurs, le Conseil général des Etats et le Conseil des Commis s'oppo– sèrent à l'introduction du tribuna! de l'Inquisition. Il est intéressant de remarquer que le Coutumier ne prévoyait aucune peine pour les délits de sorcellerie. Lorsque l'lnquisiteur de Verceil, le père domi– nicain Daniel, dressa un procès contre quatre femmes de Challant, accusées de sorcelleie, et les condamna à etre enfermées en prison «pour le reste de leur vies» (De Tillier, p. 385), le Conseil des Com– mis remarqua que la procédure était inadmissible, car cette condam– nation avait été formulée «sans l'intervention d'aucun officier de Son Altesse, ni des sieurs pairs, nompers et coutumiers de ce pai:s»; ce que voyant etre fait en opprobre et mépris de l'authorité de Son Altesse et anéantissement de la jurisdiction des dits sieurs pairs en tout temps entretenue, on alertait le sécrétaire d'Etat Jean François de la Crete, afin qu'il en informat le due Charles Emmanuel I - la lettre portait la date du 13 avril1581 - en comptant sur son inter– vention. De Tillier nous apprend encore, dans son grand ouvrage, que les Etats Généraux convoqués au mois de mai de l'année 1581 «chargèrent leurs députés d'un recours» pour réitérer leur protesta– don contre la <<nouvelle apparition de ce tribunal», c' est-à-dire de l'lnquisition. Ces disputes ont été tout à fait oubliées, dirait-on, vers la moitié du XVIIe siècle, et surtout pendant le long épiscopat de Philibert– Albert Bailly, qui était né à Grésy-sur-Aix, en 1605, mais qui «épousa chaudement tous les intérets spirituels et temporels de son diocèse», selon le mot de son neveu, René Ribitel: Bailly peut etre considéré, surtout grace aux remarquables lettres pastorales adressées à son clergé, l'un des maitres de la spiritualité valdotaine de cette époque. La tradition rigoriste y parait assouplie et adoucie: il n' avait pas fré– quenté en vain, adolescent, les écoles des salésiens, et médité plus tard sur les ouvrages de Saint François de Sales- si cher à ses con– citoyens savoyards- dans les années qu'il dédia aux études de droit et de philosophie, à Chambéry, et plus tard encore dans les années

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