- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1985
16 H. Passerin d'Entrèves pendant lesquelles, en étant entré dans l'ordre des barnabites, il eut à parcourir plusieurs régions de la France - il résida meme assez longtemps à Paris - en donnant les meilleures preuves de son talent d'orateur sacré, d'écrivain et de théologien. Bailly avait joui, jeune encore, de l'estime de Victor-Amédée I de Savoie, dont il fut pendant quelque temps le secrétaire. Christine de France, devenue régente après la mort de son époux, tacha de fixer dans ses états un personnage qui avait obtenu de si brillants succès en France, et lui confia de délicates missions. Le fils de Christine de France, Charles-Emmanuel II, écrivit une flatteuse lettre de créance au Conseil des Commis, le 16 mars 1659, pour l'installation de Mon– seigneur Bailly dans le diocèse d'Aoste, où il réalisa le programme de consolider l'usage du français comme langue littéraire, et où il renouvela, comme l'a remarqué Lin Colliard, la prédication et la caté– chèse par son Formulaire du prone de 1679. Bailly put exercer une réelle influence sur l'entourage des ducs de Savoie, surtout pendant les années de la régence de Jeanne-Baptiste de Savoie, qui se servit de lui pour établir une Académie littéraire, à Turin, en 1668, et pour faire gagner du terrain à la langue et à la culture française dans ses domaines cisalpins: le Discours sur !es avantages de l'union de la lan– gue italienne avec la langue française, qui fut lu par Bailly en 1678 dans une séance académique, a été signalé par Lin Colliard comme un curieux témoignage de ce que je me permets de définir comme une sorte. d'oecuménisme linguistique cisalpin. Il n'est pas possible de donner ici une idée de l' activité débor– dante de cet éveque éclectique, qui passait sans sourciller d'un genre littéraire à l'autre, qui défendait l'autorité et l'infaillibilité du pape sans abandonner ce qui a été considéré à juste titre comme un«galli– canisme pratique» (Colliard), lorsqu'il repoussait la bulle papale qui aurait imposé au clergé valdotain la contribution dite des .«six dixiè– mes», pour la guerre contre les infidèles. Il réunit pour cette occa– sion, en 1661, tout le clergé de son diocèse: Lin Colliard a publié récemment les résolutions qui sortirent cette assemblée plénière. On y trouve, et cela nous intéresse, une remarquable définition du lien qui avait été déjà établi dans l' ancien royaume de Bourgogne entre une tradition d'autonomie fondée sur la langue, la culture, l'appar-
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