- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1985
Langue française et institutions du Duché d'Aoste 17 tenance à un ancien organisme dynastique intramontain, séparé et divisé de l'Italie, et ce qui en survivait sur le terrain ecclésiastique: c'est-à– dire, la dépendance du diocèse d'Aoste de l'église de Tarentaise, et par conséquent, san droit de jouir cles privilèges attribués à cette église, dont elle était suffraganée, camme le diocèse de Sion... On voit bien que ces argumentations, que l'éveque Bailly fit appuyer par Madame Royale- Colliard a publié la savoureuse let– tre qu'il adressa à la Régente le 12 décembre 1661 - donnèrent un plus grand éclat au ròle qu'il jouait dans les assemblées cles Etats du Duché d'Aoste, et surtout en tant que «premier membre» du Con– seil cles Commis, qui traitait désormais toutes les affaires urgentes. L' éveque d'Aoste se présentait à la Cour de Turin en t ant que «defen– sor civitatis et patriae augustane», j'ose dire. L'harmonie entre les deux pouvoirs, dans le climat d'une Contreréforme vécue sans con– trastes apparents, mais non sans beaucoup d'ambigu1tés, se réalise surtout, chez nous, sous ce long épiscopat. Fidéle à ses devoirs pas– toraux, Bailly ne peut pas etre considéré camme un éveque «politi– que» dans le mauvais sens du mot: il n'abandonna presque jamais sa résidence, pendant les longues années de san épiscopat. Il n'igno– rait pourtant rien de ce qui se passait à Turin, dans la petite cour ducale à laquelle il resta lié, en sujet fidèle. On peut soupçonner qu'il parvint meme à obtenir de précieuses informations sur ce qui se pas– sait à Paris, dont il parlait camme de la «plus grande ville du monde». Il inséra une lettre dédicatoire à sa Saintété le Pape, dans laquelle il déclarait accepter sans les réserves gallicanes la thèse de l'infailli– bilité, dans ses lettres pastorales, publiées à Lyon en 1681. Il eut encore, depuis 1681, dix ans à dédier à san diocèse, mais il ne vit pas la désagrégation de l' ancienne société cles ordres, féo– .dale et hiérarchique, dans laquelle il avait pu jouer un si grand ròle, sans abandonner san petit observatoire intramontain. Lorsque Victor– Amédée II tàcha de sortir de la tutelle qui lui était imposée par le Roi Soleil, en se détachant de l' alliance française, les harmonies du XVIIe siècle s'écroulèrent; les guerres cruelles de la ligue d'Augsburg amenèrent le plus ambitieux cles ducs de Savoie à subir une série de cuisant échecs, sur les deux còtés cles Alpes. Le haut Piémont fut dévasté, la plus. belle fottesse savoyarde, Montmélian, fut détruite
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