- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1985

18 H. Passe1"in d'Entrèves de fond en comble par l' artillerie française qui tirait à «boulets rou– ges». Mais ces victoires étaient tellement couteuses pour le Roi Soleil, qu'il finit par céder Pignerol à son tenace adversaire. Plus tard, Victor– Amédée II racheta, par un admirable tour de passe-passe diplomati– que, tout ce que la France avait enlevé à la petite dynastie alpine en soixante années d'expansion hégémonique. L'alliance française, renouvelée au début de la guerre pour la succession au trone d'Espa– gne, n'empechera pas l'impénitent joueur de se rapprocher de l'empe– reur Léopold I d'Autriche, qui se servait du cousin de Victor-Amédée II, inégalable stratège: ce furent les troupes impériales commandées par Eugène de Savoie, le «noble chevalier» («der edle Ritten>), qui délivrèrent Turin assiégée par l'armée française en 1706. Cette série de guerres, et leurs lourdes conséquences financières et socio-économiques, achevèrent de désagréger un ensemble de tra– ditions et de pousser les Savoie vers cet absolutisme réformateur, qui aurait progressivement «rongé» les particularismes cles «petites patries», et meme les anciennes franchises du duché d'Aoste. Ce duché vécut peut-etre les années les plus tragiques de son histoire pendant l'invasion provoquée par le premier revirement de Victor-Amédée II contre la France, en 1691. Les troupes du maréchal de la Hoguette mirent à sac toute la vallée, et ne renoncèrent meme pas à bruler impitoyablement les moissons, depuis La Thuile jusqu' au chateau de Chambéry, pour garantir le payement d'une imposition extraordi– naire, dont on n'avait pas pu recueillir le montant. L'éveque Bailly, qui avait pu rever la plus parfaite harmonie, culturelle, linguistique, et évidemment aussi politique et institutionnelle, entre ces «patries» que les Alpes n' avaient jamais divisées si cruellement, eut la chance de mourir quelques mais avant cette catastrophe historique.

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