- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1985
Montaigne et saint François de Sales 27 lerie. Il a formulé sur les lois des commentaires de première impor– tance. Elles relèvent de l'art ou de la coutume, non de la raison. Il n'y a pas de loi universelle ou naturelle.Montaigne insiste: «... les loix se maintiennent en credit, non parce qu'elles sont justes, mais parce qu' elles sont loix. C'est le fondement mystique de leur autho– rité; elles n'en ont poinct d'aute. Qui 9 bien leur sert. Elles sont souvent faictes par des sots, plus souvent par des gens qui, en haine d'equalité, ont faute d'equité, mais toujours par des hommes, autheurs vains et irresolus» 10 • Cependant la loi est nécessaire: «Epicurus disoit des loix que les pires nous estoient si necessaires que, sans elles, les hommes s' entremangeroient les uns les autres ... » 11 • C'est tem– pérer le relativisme par le réalisme. Nous avons conservé trois cahiers de droit civil rédigés par Fran– çois de Sales lorsqu'il était à Padoue 12 • L'étudiant a relevé certains passages du CodeJustinien, ou des Pandectes (ou Digeste) qui servent de commentaire au code. Il ne voit pas le droit de manière la!que camme Montaigne. C'est la pensée de Dieu qui domine toute juri– diction. Ainsi le mariage n'est pas une simple institution sociale, un con– trat, un «marché», auquel il faut se tenir par les loix du «debvoir com– mun, au moins s'en efforcer», camme on le lit dans les Essais 13 • C'est un très auguste sacrement: augustissimum Sacramentum per Chris– tum Dominum nostrum 14 • Dans le commentaire du texte de la première loi, se trouvait jus– tifiée par avance l'action menée en Chablais. Tout pouvoir vient de Dieu et s' appuie sur la religion: Imperium religione firmatur. Il y a donc unité organique de l' état et de la religion. 9 Ce qui. IO Essais, XIII, 13, p. 1072. Voir PASCAL, Pensées: La coutume fait toute l'équité, par cette seule raison qu'elle est reçue; c'est le fondement mystique de son autorité. Mystique: qui n'est pas rationnel. 11 Essais, II, 12, p. 558. 1 2 T. XXII. 13 Essais, III, 5, p. 852. 14 T. XXII, p. 69. Le commentaire de François de Sales est en latin. Nous en don– nons le contenu, sauf le cas où nous citons.
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