- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1985
30 L. Terreaux ne dit rien de sa mère. Si elle avait été un modèle de piété, ill'aurait signalé 21 • François a fait sa philosophie. Dès le Collège, il a une formation théologique. A Padoue, il fait des études de droit. Il s'intéresse aux rapports entre la religion et l'Etat. Il ne néglige pas le droit civil: il s'y applique minutieusement 22 • Il se livre aussi à des méditations théologiques approfondies, aidées par le P . Antoine Possevin et les cours du franciscain Gesualdi. C'est à Padoue qu'il affrante de façon dramatique le problème de la grace et de la prédestination 23 et découvre le mouvement mystique de l'amor divino incarné par Phi– lippe Néri. Montaigne n'ignare pas la théologie. On connait sa fameuse Apologie de Raymond Sebon, dont il traduisit pour son père la Theo– logia naturalis, d'inspiration thomiste. Mais la culture des Essais reste profane. Les allusions qu'ils font à Saint Thomas, à Saint Augustin ou à quelques autres sont perdues dans une masse de citations tirées de l'antiquité pa1enne . Il serait paradoxal d'affirmer que le vrai Mon– taigne c'est le théologien 24 • Il n'a pas la formation explicite d'un théologien. C'est une évidence qui suffirait à elle seule à marquer les limites de notre parallèle. Quand fut venue pour Miche! de Montaigne et François de Sales, l'heure des options décisives, leurs choix furent différents . Montai– gne devint conseiller à la Cour des Aides de Périgueux 25 , puis au 2 1 Voir sur tous ces points, DREANO (M.), La pensée religieuse de Montaigne, Beau– chesne, Paris, 1936, eh. l. 22 T . XXII, p. 71. 23 Nous n'avons plus que quelques pages cles six cahiers rédigés par le jeune Fran– çois à Padoue. Voir T . XXII, p. XXIII à XXV. Ces cahiers étaient consacrés au pro– blème de la gdìce si soigneusement traité par le Concile de Trente (1545-1563) . Pour la période postconciliaire, la question restait fondamentale. On sait que François de Sales récuse le pessimisme de Saint Augustin et meme Thomas d'Aquin, mais mal inter– prété. Voir LAJEUNIE, op.cit., T . I, p. 151 à 154. A Paris, puis à Padoue, Saint François avait eu la révélation de ce que peut l' abandon au bon vouloir divin, dans une sainte indifférence, sans meme l'espoir dans la béatitude. 2 4 MARC CrTOLEUX, Le Vrai Montaigne théologien et soldat, Paris, 1937. 25 La Cour des Aides jugeait !es affaires d'impots indirects.
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