- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1985
34 L. Terreaux 1612-1614. Montaigne est qualifié de bel esprit, vaniteux comme un paon, porté vers les choses frivoles et mauvaises. Le jugement n'est pas favorable, tant s'en faut. .L'éveque reproche à Montaigne de s'attarderà des observations futiles . Il songe sans doute au troisième livre où le moi de Montaigne est partout. Il lui parait qu'il est vain et léger de se raconter sans cesse en s' attardant à des détails infimes. Un esprit sérieux comme Etienne Pasquier tout en défendant la mémoire de l' auteur avait déjà attribué les développements de la pein– ture du moi dans la dernière partie des Essais à la faiblesse de l'age. Et il avait aussi souligné que dans le chapitre Sur des vers de Virgile Montaigne avait fait «un eschange de sa liberté contre une licence extraordinaire» 34 • L' éveque partage ce point de vue: les choses mauvaises - rebus malis - ce sont les propos plus ou moins libres ou licencieux de certaines pages, qui choquaient la politesse ou souil– laient la pureté du coeur et de l'esprit à laquelle il attachait t ant de prix . Ainsi les reproches du prélat, qui restent à l'état de notes inti– mes, révèlent de nettes réserves sur le dessin de Montaigne de se peindre, et sur sa morale . Pourtant François de Sales s'est appuyé sur le second livre des Essais pour défendre des points de liturgie ou de doctrine, dans la ligne du Concile de Trente. Laissons la référence à l'Apologie de Raymond Sebon 35 , dans la Defense de l'Estendard de la Sainte Croix (1600) 36 , où François de Sales rapporte, d' après Montaigne, que «parmi les barbares des Indes» longtemps avant l'ère chrétienne, «on trouva ceste marque de l'Evan– gile» c'est-à-dire la croix. Il cite à peu près textuellement l'écrivain. Beaucoup plus importants sont les passages des Controverses qui font appel aux Essais. On sait que ce traité monumental date de la mission du Chablais . Commencé le 25 janvier 1595, il fut terminé pendant l'année 1596. Dans la seconde partie, chapitre VII, l' auteur défend «l'Autorité des 34 Sur ces points, voir E. PASQUIER, Lettres, Livre XVIII, I. A Monsieur de Pelgé (vers 1602). 35 Essais, II, 12, p. 573. 36 T. Il, p. 176.
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