- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1985
36 L. Terreaux sance 46 , et dont les Controverses démontrent vigoureusement les erreurs. Meme accorci entre François de Sales et Montaigne sur le rejet des langues vernaculaires . Conformément au Concile de Trente, le prévòt de Genève n'admet pas l'emploi de la langue vulgaire dans les offices publics . Le motif en est l'universalité de l'Eglise qui requiert un langage unique: «... camme nostr'Eglise est universelle en tems et en lieux, elle doit aussi faire ses services publics en un language qui soit de mesme universel en tems et en lieux, tel qu'est le Latin en Occident, le Grec en Orient». Ce maintien d'une langue unique s'impose d'autant plus facilement que des quatre parties du corps social: les ecclésiastiques, les nobles, les gens de robe et le reste du peuple, les trois premières entendent aussi bien le latin que le fran– çais. Quant à la quatrième, une fraction de celle-ci encore le com– prend. Les autres en sont au «barragouin» de leur contrée, c'est-à-dire leur patois et de toute façon ne comprennent pas non plus le français 47 • L'autre raison, c'est que la traduction est à l'origine d'interpré– tations fallacieuses. Camme c'est une «prophanation» d'eq1ployer la langue vulgaire dans l es offices publics, c'en est une autre de présen– ter les «Saintes Escritures» dans les idiomes de chaque pays. Car «voicy un des plus pregnans 48 artifices que l'ennemi du Christianisme et d'unité ait employé en nostr' aage pour attirer les peuples a ses cor– delles 49 ; il connaissait la curiosité des hommes et combien chacun prise san jugement propre... » 50 • C'est contre l'opinion, la préten– tion, que s'élève encore François de Sales, quand il précise qu'à pas- 46 Le titre du chapitre est assez significatif: «C'est folie de rapporter le vray et le faux à nostre suffisance». 47 T . I, pp. 183-184. Notons à ce propos que Jean François de Blonay, dans lepre– mier procès rémissorial, rappelle que pour mieux se faire comprendre de son auditoire, l'éveque utilisait au besoin son «language vulgaire>>. Voir LAJEUNIE, op. cit., T . I, p. 482 . Nous n'avons évidemment aucun témoignage écrit de ces textes. En revanche, il y a des termes spécifiquement savoyards dans !es oeuvres. 22 d'après l'abbé H . LEMAIRE, Lexique comparée des oeuvres complètes de François de Sales, Paris, Nizet, 1973. 48 Décisifs. 4 9 Expressions imagée: prendre dans ses filets, tromper. 50 Ibid., p. 179.
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