- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1985

Bibliographie 341 tion politico-géographique de la Val– lée. De J.-B. De Tillier Colliard a prouvé «la persistance de l'idéal auto– nomiste aux XVIII• et XIX• siècles»; du clergé a mis en relief l'esprit galli– can et la conscience nationale; de la Maison de Savoie a creusé le problème de l'implantation dans la Vallée et en a restitué la physionomie que les évé– nements contemporains avaient terni aux yeux des Valdotains. Le tout sans jamais oublier l'action et le poids du peuple dans la formation de la menta– lité nationale valdotaine. A Colliard nous sommes notamment redevables de la redécouverte et de la valorisation de l'intramontanisme qui apparait désormais, griìce à lui, comme une véritable doctrine. L'érudition et l'intuition de la valeur et de l'emploi des sources se retrouvent tout particu– lièremept dans les pages que l'auteur a destinées aux questions relatives à l'histoire ecclésiastique et religieuse, au jansénisme, aux controverses théo– logiques, à l'édition de textes, aux jugements portés sur les auteurs dont il nous présente l'oeuvre et la vie. A coté des thèmes de l'histoire majeure d'autres apparaissent qui, traités de la meme main de maitre, laissent filtrer un amour passionné pour les hameaux et les gens de notre Vallée auxquels l'auteur a été rattaché par les vicissi– tudes de sa vie. Bien évidemment toute son oeuvre respire l' amour pour la patrie valdòtaine, mais Colliard a su mettre ce sentiment au service de l'his– toire et rejeter par là tout patriotisme de clocher ainsi que toute grossière politisation des questions historiques. Aussi l' apprécie-t-on en tant que balayeur de tous les poncifs du terroir et ennemi des ressasseurs obtus. Tous ses travaux, y compris ceux des pre– mières années , sont marqués au coin de la scientificité la plus rigoureuse. Ce qui a permis à Colliard d'insérer l'his– toire valdòtaine dans le souffle vivi– fiant des grands courants de la culture européenne. C'est là, ce me semble, et si j'ose porter un jugement, l'un de ses mérites les plus grands et qui lui donne des titres non seulement à l'estime mais encore à la reconnaissance des Valdotains. D'autres avant lui ont honoré leur terre natale, et comme eux, lui aussi sait le faire par le moyen meme de cette terre valdotaine qu'il élève au niveau de sujet d'étude d'une valeur universelle. Les étapes de sa car– rière scientifique, que relatent les pages 390-91 , sont là pour nous prou– ver que cette réussite n'a rien de for– tuit, mais justement elles nous prou– vent en meme temps l'engagement et le travail qu'une telle réussite a bien demandés . Fin connaisseur en procé– dés historiques, Colliard se soucie de la formation des jeunes chercheurs et il transforme les Archives Historiques en foyer et pépinière de l'histoire val– dotaine. Des pages telles celles de Notre programme et de la Bibliografia degli studi relativi a Casa Challant témoignent directement de sa sollici– tude de maitre envers les élèves. Mais Colliard écrit toujours pour que le résultat de ses recherches devienne patrimoine commun de notre culture, rien ne lui étant plus étranger que l'esprit étriqué de congrégation.

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