- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1985

44 L. Terreaux ne nous manquera point» 93 • Soyez dévot là où vous etes et dans les conditions où vous etes, voilà un cles éléments essentiels de la péda– gogie salésienne. C'est tout le sens de l' Introduction à la vie dévote. Et justement sur le plan de la pédagogie, on n'a pas de peine à rappe– ler le souci commun de Montaigne et de François de Sales de former cles individus maitres d'eux-memes et de leur destin. L'élève camme le vrai dévot doivent se former ou se réformer par eux-memes. Montaigne et François de Sales veulent cles tetes bien faites et non bien pleines. Il s'agit moins d'accumuler les connaissances ou les actes de dévotion que de bien comprendre ce que l'on fait et d'accomplir ses exercices avec perfection. Cet équilibre se retrouve dans les soins à donner au corps qui est le soutien de l'esprit et le compagnon de l'ame. Dans la ligne cles Essais, l' Introduction à la vie dévote est loin de rejeter les loisirs, les exerci1=es physiques, les jeux, la danse meme, les récréations du corps et de l' esprit. Le dévot n ' aime pas les plaisirs pour eux_:memes, mais il ne les dédaigne pas quand il doit s'y preter ou qu'ils sont nécessai– res à son équilibre. Il y a clone une parenté d'esprit entre Montaigne et François de Sales. Nous en avons donné quelques exemples. Ils suffisent à mon– trer comment les deux pédagogies de la sagesse se recoupent . Et on n'a pas tort de qualifier l'éveque de «montanien». Toutefois nous avons vu que dans ses cahiers, celui-ci jugeait les Essais sans indul– gence . On ne peut clone conclure sur cette ressemblance. Elle n' engage pas la personnalité profonde de l'un ni de l' autre . C'est que tout est considéré par Saint François dans la lumière et la sagesse de la foi : les exigences du corps, la vie affective, ou intel– lectuelle. Cet humanisme n'est pas celui de Montaigne. Celui-ci ne veut que passer sa vie à son aise, ayant toujours refusé de s' engager pleinement dans aucune enteprise qui le faisait sortir 93 T. XII, pp. 173 et 148.

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