- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1987
Un sanctoral pour le Diocèse d'Aoste 99 ques, il fit preuve d'un admirable «non-conformisme», que les histo– riens jugeront évidemment d'inaptitude. 30 Dès le commencement de son royaume, il n'eut de plus forte pas– sion que de procurer la paix à ses sujets, d'administrer la justice avec équité et de faire fleurir la religion dans tout le Duché. Il aima si fort les pauvres qu'illes visitait souvent et prenait soin d'eux pour les soulager de leurs misères. Lorsqu'un pauvr~ plaidait contre un riche, il inclinait du coté du plus pauvre autant que la jus– tice le lui permettait. Les biographes racontent qu'un jour à Verceille due de Milan, Jean-Galéas Sforza, lui avait demandé où étaient ses chiens de chasse. Amédée lui répondit en lui faisant voir la troupe cles pauvres qu'il nourrissait tous les jours dans son palais. Ce meme due, une autre fois, lui dit en riant: «En vérité, mon frère, votre Savoie à l'égard de nos provinces est la terre des Antipodes, car partout ailleurs il fait meil– leur d'etre riche que d'etre pauvre, mais ici !es gueux sont en faveur et !es riches dans le rebut>>. Mais sur-le-champ le prince lui donna cette réponse: <<Aussi, mon frère, !es pauvres sont-ils mes mortes-payes 31 et mes vieux gendarmes: et je !es regarde comme la plus sure garde de mes Etats; car mes autres soldats me gardent seulement contre !es hommes, mais pour eux ils me gardent contre !es hommes, contre !es diables, con– tre le péché et contre tous !es ennemis». Sa libéralité eiwers les pauvres le poussa aussi à vendre son collier de l'Ordre. Sa maladie, son caractère doux et sa vie d'ascète lui causèrent évidemment cles difficultés vis-à-vis de ses frères, qui se soulevèrent plusieurs fois contre lui. La noblesse savoyarde pensa de le rempla– cer avec un autre moins faible que lui, mais la bonté d'Amédée eut toujours gain de cause. Cette amabilité ne l'empecha pas d'etre cou– rageux à l' occasion. E n 1459, au concile de Mantoue tenu par le pape Pie II, il était pret à offrir ses biens, ses troupes et sa personne pour aller libérer Constantinople, tombée peu avant dans les mains cles Tures. 30 Cf. F . CoGNASso, I Savoia, Dall'Oglio, 1971, p. 282. 3 1 Ouvriers payés, mais qui ne travaillent pas; domestiques.
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