- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1987

18 G . Mombello mémoires. Ayant des loisirs, notre barnabite aime à s'épancher avec Marie-Christine, soit pour la renseigner sur divers problèmes, soit pour tromper les ennuis, les longueurs et les langueurs romaines. Il composa meme une anagramme latine sur ROMA/MORA, «[uno] scherz[o] del suo ingegno», comme aurait dit le père Sforza Pallavi– cini,30 Bref, le climat humain de cette ville ne le met pas à l' aise et il le dit très clairement. Ces lettres seraient toutes à citer, parce qu'elles nous donnent un aperçu vivant de la ville papale. Leur témoignage, tout en étant partiel, est précieux. Nous nous bornons à en citer une. Donc, l' administration pontificale fait des misères à notre aspi– rant à la mitre. On lui représente mille difficultés: il ne connait pas la langue parlée dans la Vallée, d'autre part, Mgr Millet avait été nommé au siège d'Aoste depuis peu et, selon le Pape, «On ne donne pas une épouse pour un an». 31 Le Saint-Père aurait aussi dit: «lo non vorrei che il duca di Savoia pretendesse di poter proporre queste translationi come un re di Spagna». 32 Bref, on ne va pas parler de la translation de Mgr Millet d'Aoste à Ivrée, avant trois ans. Mais Bailly ne se décourage pas, parce qu'il a du cran 33 et, en habile homme, il arrive à contacter le père Sforza Pallavicini, un jésuite qui, à son avis, «merit[ait] courone». 34 Du coup, toutes les difficultés s'aplanissent, ou presque. Bailly est reçu par le Saint-Père et il réussit à le gagner à sa cause. Voici comment. Mes affaires ont entierement changé de face depuis huict jours - écrivait-il à Madame Royale le 7 juillet 1658 - et je les vois si heureusement acheminees, que j' en espere une tres bonne issue. Mardi passé le Pape me donna une fort longue audiance, et comme 3° Ibid., lettre XVI, f. 1r, du père Sforza Pallavicini à Bailly, datée du premier aout '1658. 31 Ibid., lettre II, f. 9d, à Madame Royale, datée de Rome, le 7 juin 1658. 3 2 Ibid., lettre III, f. 10c, à Madame Royale, datée de Rome, le 15 juin 1658. 33 Ibid., lettre XXI, f. 58b, à Madame Royale, datée de Rome, le 10 septembre 1658: «... M. le Chancelier \Seguier/ m'appelle son Tiran, et ' 1 dit/ que je veux bien, ce que je veux.. . >>. Lettre XXVIII, du 30 septembre 1658, f. 75c: <<... quand on m'aime, je veux tout ou rien... ». 3 4 Ibid., lettre XXIV, f. 66b, à Madame Royale, datée de Rome, le 17 septembre 1658.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=