- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1987

20 G. Mombello qu'il y avoit receu deux lettres, l'une de V.A.R. à laquelle il avoit repondu, et l'autre de S.A.R. Monseigneur, à laquelle il ne /it aucune réponce, parce qu'elle ne luy avoit donné que du Molto Illustre, quoique tous les Electeurs luy donassent alors de l'Illus– trissimo. ]e luy répondis en souriant que !es secretaires de nos Mais– tres avoient depuis cinq ou six cent ans leur Menabo, ou coutumier en matiere de qualités, qu'ils ne changeroient pas pour la vie, et que neantmoins si Sa Sainteté desiroit quelque satisfaction, la des– sus, et augmentation de tiltre, j'avois ordre de S.A.R. mon Mais– tre, de luy donner une lettre, qui corregeroit la precedente, et le contenterai! assurement. Il voulut sçavoir l'explication de mon enigme, et prenant cette heureuse occasion, camme l'on dit, par le poi!, je luy fis voir la superscription de la lettre que S.A.R. luy ecrivoit pour moy, et m'ecriey incontinent: «Ce Prince, Saint– Pere, a hautement reparé la méprise de son secretaire, puisqu 'au lieu de tres illustre que vous luy demandiés, il vous donne du tres saint». Cette petite adresse, Madame, de mon foible esprit, luy plut extraordinairement, et me dit en riant: «Cattivo, datemi questa lettera». Je repliquey, qu'on me l'avoitdefendu, etque je me gar– derois bien de comettre une si grande faute. Cela luy donna plus de curiosité, et il me commanda de luy dire qui pouvoit estre si hardi que de me defendre de luy rendre une lettre qui luy estoit adressee. Je repondis sans hesiter que c'estoit le R. pere Pallavi– cini, et que pour ne plus abuser de la bonté, et de la patience de Sa Sainteté, S.A.R. Monseigneur la prioit, par cette lettre la, de me pourvoir de l'evesché d'Aouste, et qu'il n'estoit pas si bien seant que je la luy presentasse mai mesme, mais que c'estoit l'office de san Resident. Ilfut ravi, Madame, de mafranchise, m'arracha la lettre des mains, la lut, et me dit: «Sarà consolata». ]e luy repre– sentey alors, le plus serieusement et le plus respectueusement que je pus, que si cette translation luy faisoit de la peine, Sa Sainteté n'avoit qu 'à me la refuser, et que j'estois tout prest de m'en retour– ner camme j'estois venu, plustost que de fai1'e violence à sa bonté. Cela luy plut, Madame, et il me répondit en ces propres termes: «Stia pur qui, che la vogliamo vescovo». Et la dessus je luy baisei les pieds, et il s'alla mettre à table pour disner, l'audience aiant fini, en ma personne, et fait horriblement murmurer ceux qui

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