- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1987

46 M . Lengereau timent bien complexe: il faut, pour en parler avec justesse, pratiquer cette "Ehrfurcht vor dem Filigran der Dinge" dont parlait Max Sche– ler, un philosophe assez peu lu aujourd'hui. · ... ]e ne suis pas pour rien (et depuis plus de trente ans!) u9- lec– teur passionné de Montesquieu et de Tocqueville! C'est l'esprit qui nous inspirait quand nous demandions l'autonomie, quand nous pla– cions notre espoir dans la nouvelle Constitutiori de l'Italie, qui est restée, hélas, sur ce point lettre morte. Car vous nous flattez en disant que l'Italie est peut-etre moins centralisatrice que la France! L'héri– tage napoléonien (ou jacobin) n'est pas moins fort chez nous que chez vous, et il s'alimente (à la différence de chez vous) d'une espèce de "complexe d 'infériorité" que l'an voit bien chez les fonctionnaires que Rome recrute dans le Sud pour nous administrer - puisque nous n'avons pas su (et c' est là notre défaut) le faire nous-memes. Vous voyez bien que nous sommes pleinement d'accorci sur ce point, et que je pourrais meme l'etre avec l'Union Valdotaine.. . Ce que vous dites à propos de l'Alsace pourrait s' appliquer mot pour mot au Val d'Aoste . Il y a là un parallèle bien plus frappant qu' avec le Tyrol du Sud... Mais (et je parle maintenant en t ant que le Valdotain que vous savez) ce qui importe est de dire clairement que si l' on veut défendre le caractère allemand des Alsaciens, on ne pourrait songer à les arracher à la France qu'ils aiment- de meme que si l'an veut (et doit) sauver le caractère français des Valdotains, il n'est pas ques– tion de les annexer à la France. C'est là, selori mai, le point crucial du problème, et la cause, probablement, de la désunion qui nous désole depuis vingt ans ... Comment pourrai-je jamais persuader ces messieurs de l'U.V. que je tiens autant qu'eux (et peut-etre plus encore qu'eux, en tant qu'homme cultivé) à notre «ethnie» française! Ils m'ont taxé une fois pour toutes d'"Italien", et il n'y a rien à faire» . (8 octobre 1966). SuR CHABOD ET CHANoux «]e ne vois rien d'offensant dans l'association Chabod-Chanoux. Ils étaient bons amis de leur vivant; il n'y avait rien de cette amer– tume sectaire qui a caractérisé la vie valdotaine c1epuis les événements de 1945 pour les séparer. Ils connaissaient leurs différences, mais le

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