- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1987
Alexandre Passerin d'Entrèves 51 que Frédéric Chabod dans l'«affaire» valdotaine, Marcel Vaser s'enga– geait à fond dans le camp séparatiste et meme annexionniste, à tel point qu'il «fit sa vie» peu après en France, s'établissant à Bourg– Saint-Maurice en Haute-Tarentaise. Certes, sur le moment, cela se traduisit par un «froid», mais qui ne dura pas. Marcel Vaser me racon– tait en été 1986 que lorsqu'A.-P. d'E. --' dont il conserve encore un souvenir ému et de vive amitié - retournait en auto dans san pays au début de l'été, venant d'Oxford où il enseigna après la guerre, il allait chaque fois le rencontrer à Bourg-Saint-Maurice avant de gravir le Petit-Saint-Bernard. A.-P . d'E. m'écrivit dans une de ses lettres ·que touché de ce que Marcel Vaser m'avait dit de lui, il aimerait bien le revoir. Ce voeu ne se réalisa pas. Mais ce qu'il me plait de relever ici, c'est que l'universitaire évoluant dans un monde international, voire cosmopolite, ne cessa de garder san amitié à un autre Valdo– tain non seulement plus jeune, d'un genre et d'un milieu plus modes– tes, mais surtout qui s'était montré en 1945-1946 san adversaire objectif, optant alors pour la France et contre l'ltalie. C'est un cas assez rare que cette sorte de fraternité supérieure, englobant ou rela– tivisant à la fois les clivages d'ordre politique ou stato-national. 2) Il serait intéressant et utile d'étudier systématiquement l'action d'A.-P. d'E. en tant que préfet d'Aoste au cours du mais de mai 1945. Certains textes émanant de lui à ce titre ont du reste été déjà publiés . Outre une série d'interventions d'une signification parfaitement claire, deux points mériteraient peut-etre une étude un peu fouillée. Lepre– mier concerne une sorte de «gentleman's agreement» qu'il conclut le 1<' mai avec le lieutenant-colonel Oronce de Galbert, comman– dant la 5èmc Demi-Brigade de Chasseurs Alpins en voie de progres– sion sur le territoire de la Vallée, et au sujet duquel on constate une divergence d'interprétation de la part des parties en cause. Cet «accorci» (purement verbal) eut d'ailleurs une portée relativement limitée. L'appréc~ation des mobiles de la démission du préfet, deuxième– ment, à la suite des événements du 18 mai 1945, varie selon les auteurs. A.-P. d'E. aurait démissionné soit parce qu'il avait exigé en vain que les Américains relachent quelques Valdotains arretés au cours de la manifestation, soit pour n'avoir pu empecher l'élabora-
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