- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991
102 Joseph-César Perrin La guerre reprit au mois d'avril 1794, quand l' armée française par une offensive massive réussit à défaire les troupes sardes sur les frontières où le capitaine Darbelley, de Valgrisenche, trouva la mort après une héroique défense. Les Français descendirent jusqu'à Pier– re-Taillée où ils furent arretés et repoussés par la Milice du Val d'Aoste et par les habitants d'Avise et d'Arvier, tandis que l'armée régulière sarde prenait,une fois encore, la fuite. Celle-ci lors de sa re– traite, étant de passage à Aoste le 27 avril, avait meme menacé le pil– ler la ville. 23 A l'arrivée du due de Montferrat et de nouvelles trou– pes les Français furent repoussés au-delà de La Thuile. 24 Cette com- qu'ils avaient du quitter la Tarentaise pour ne pas devenir «la proye des incursions françaiseS>>. Jean-François Emprin, de Seez, au mois de novembre recourut au Conseil de Ville disant que <<dans le courant du mois demier et dans le tems que /es trouppes du Roy ont remonté de Savoye au Petit-St-Bemard il a été obligé de quitter sa Patrie, sa mai– son, sa femme et cinq enfans pour avoir servi /es trouppes du Roy>>. La requete la plus cir– constanciée et qui montre l'état d'ame des Savoyards qui n'avaient pas accepté !es idées républicaines fut celle présentée par Sébastienne Morard qui recourut aux syn– dics d'Aoste en ces termes:<<Représente ... Sebastiennefil/e de ]ean Louis Mora, femme de Joseph Chapui, de la paroisse d'Eme en Tarentaise ou conjointement avec son mari elle a depuis très longtemps tenu auberge sous l'enseigne de la Croix Bianche, que la conduite quelle a gardé en sa qualité d'aubergiste lors de la rentrée des troupes de S.MS . en Savoye en manifèstant la joye quelle avoit de rentrer sous la domination de son legitime Souverain lui at attiré la haine de tous ceux que l'on appelle communément patriotes, de manière que lors de la demière retraite des trouppes sardes, pour échapper à la vengeance et aux iniquités de ces memes patriotes, elle a cru devoir s'émigrer avec son arrière fil/e Marie Françoise, fil/e de ]oseph Duclos, et se rendre dans ce pays ou elle at habité jusqu'apresent chez l'éguiseur Bemard WJisin ou elle at vécu de ses deniers. Mais prevoyant que /es cir– constances ne lui permetroient pas de rentrer bien vite dans sa patrie ou son mari qui n'at pu emigrer est peut-etre déjà victime de son honneteté, elle souhaiteroit pour se soustraire, avec son arriere fil/e, à la misere et à l'oisiveté, prendre dans cette ville un établissement de traiteuse>>. (Cf. A.H.R. Fonds Commune d:Aoste, Varia, vol. 28, Règlement de Police Urbaine (1778-1852), f. 135•, 143•, 156• et 158•). 23 A.H.R. Fonds Commune d:Aoste, Registres des Délibérations communales, vol. 16, f. 103• et 147•. 24 Le 17 juin l'Intendant du Duché écrit au cornee de Serravalle, conseiller et général de~ Finances: <<Nos troupes se sont avancées encore. Les Français ont quitté le poste des Comballes après y avoir détruit tous /es ouvrages qu'on y avait construit l'année demiè– re. Nos troupes sont campées au Pont et aux retranchements du Prince Thomas à la Thuil– le que /es Français ont pareillement abandonnée après une canonade assez heureuse de no– tre part. Ils se sont retirés aux Eaux Rousses sur le St. Bemard et aujourd'hui on tente une expédition pour /es chasser de sorte que S.A.R. aura probablement bientot repris tout le Duché d:Aoste>>. (Cf. A.H.R Fonds Commune d:Aoste, Registre des lettres de l'Intendant (1794-1795), f. 19•).
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