- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991

Le commerce valdOtain à la fin du XVIII' siècle 125 tation lié à ces deux activités, le développement d'un tourisme ther– mal pourraient donner la·sensation que le Duché d'Aoste, au XVIII< siècle, était un Etat florissant. Est-ce que la réalité égalait cette pre– mière impression? Il est certainement difficile de répondre à cette question car dans l'analyse du passé l'on a souvent l'habitude de regarder les données avec les yeux et l'esprit du présent, de sorte que nous sommes portés naturellement à comparer tout simplement le monde de hier avec celui d'aujourd'hui. Il s'agit certainement d'une mauvaise méthode car certaines notions ne sont absolument identiques dans le temps. I..:idée de bien-etre en est une. Si de tout temps l'on a visé à assu– rer le bien-etre individuel et collectif, la notion de celui-ci a cepen– dant varié au cours des siècles selon le changement des besoins fon– damentaux de l'homme. Ce serait clone pluròt par rapport à ceux-ci qu'il faudrait juger de l'état de richesse ou de pauvreté d'un peu– ple plus que par rapport à la plus ou moins grande activité écono– mique. Evidemment une pareille méthode de prospection historique partant de la psychologie des peuples nous amènerait trop loin. Ce n'est done pas mon intention de passer par là. Je me limiterai done dans la tentative de connaitre la situation économique de l'époque à considérer quelques données objectives et les descriptions que les contemporains faisaient de leur état de misère ou de bien-etre; je fais remarquer que celles-ci étaient non seulement subjectives mais parfois fortement viciées car leurs auteurs ont dépeint la réalité valdòtaine dans le but d'obtenir certains avantages: leur optique va– riait selon le but visé. En les abordant tenons clone compte de cela. D'après un Calcul démonstratif du produit du Duché d'Aoste,3 4 anonyne et sans date, mais qui devrait dater d'entre 1760 et 1770,35 la valeur des biens agricoles du Val d'Aoste était de 32.660.000 li– vres (1633 focages de 60 séteurs calculés à 20.000 livres chacun). Le produit net individuel de chaque habitant n'aurait cependant été 34 A.H.R., Fonds Commune d'Aoste, Conseil des Commis, vol. 22, liasse 2. 35 Cette date peut erre déduite, pat approximation, d'après !es données du docu– ment, notatnment du montant du donatif et de la taille imposée sur !es focages.