- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991
Le commerce valdOtain à la fin du XVIII• siècle 129 la Doire et cles torrents ou aux rigueurs du climat (sécheresses, gelées, neiges tardives) qui provoquaient la perte cles récoltes. Elles mettaient en relief l'énormité cles dépenses locales, les difficultés de la culture cles terres, la diminution du bétail, seule ressource de commerce, le manque de capitaux et la modicité cles «fortunes». Est-ce étonnant si dans ce Duché «qui ne compte dans son sein pas une fomille riche, que fort peu d'aisées et un très grand nombre de mise– rables, où le luxe, thermomètre ordinaire des focultés d'un pai's, toujours repoussé par la misère, n'a jamais pu pénétrer et y déployer son empire, comme dans les autres villes de ses Etats foute de ressource et de com– merce»,40 l'unique possibilité offerte aux Valdòtains pour leur survie était l'émigration? Certes, nous devons tenir compte que ces réclamations étaient faites dans le but de diminuer ou de contenir la charge cles impòts qui grevaient le Duché. Les descriptions dramatiques de la misère cles paysans et de la situation économique désastreuse du Pays vi– saient certainement à ce but et il est done naturel qu'elles aient été poussées au-delà de la réalité. Mais cette accentuation cles aspects négatifs contenait toutefois beaucoup de vérité. Lorsque le Conseil cles Commis affirmait «que V.M. daigne foire penetrer dans l'interieur des chaumières de l'indigence laborieuse et y analyser le poids de leurs travaux, la qualité de leur nourriture et de leurs habillements: combien de misère n'y rencontrera-t-on vrayement digne de sa commiseration et de sa royale clemence, misère à laquelle on peut bien attribuer la prin– cipale cause de la vicieuse organisation de plusieurs de ses habitants», 41 il n'exagérait certainement pas. Il suffirait de penser que de nos jours eneore l'on retrouve un état pas extremement dissemblable dans plusieurs villages de notre Vallée, pour se convaincre qu'à plus forte raison les conditions humaines de nos paysans d'alors devaient tourner souvent du còté de la tragédie. 4o A.H.R., Fonds Commune d'Aoste, Registres du Pays, vol. 39, fol. 8•-8•. Séance du 19 mars 1788. 41 A.H.R., Fonds Commune d'Aoste, Registres du Pays, vol. 39, fol. 9•.
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