- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991

Le Codex XV de la Bibliothèque du Grand Séminaire d'Aoste 393 classe dirigeante laique et ecclésiastique particulièrement puissante et cultivée; stimulée par le milieu cosmopolite des conciles de Cons– tance et de Baie, des grandes foires de Genève, puis de Lyon, elle fut à meme d'élaborer un projet culture! de résonnance européenne. C'est dans ce contexte qu'on doit, à mon avis, considérer la produc– tion du Codex XV, dont, si à l'état actuel de nos connaissances il est impossible d'établir définitivement le premier propriétaire, il est, par contre, assez facile de situer le milieu territorial et culture! dont il constitue le reflet musical. A ce propos, il faut considérer briève– ment le ròle marquant que deux personnages de l'histoire valdòtaine ont joué dans les complexes vicissitudes du Schisme d'occident: An– toine et Guillaume de Challant, fils de Boniface l er. Parmi ses nombreuses charges, Antoine de Challant fut chance– lier de Savoie, conseiller, procureur et ambassadeur d'Amédée VIII. Il participa au Concile de Pise (1409-1410), à l'élection d'Alexandre V, et en 141 O il appuya, avec le cardinal de Brogny, l'élection de Baldassarre Cossa, Jean XXIII. Il fut, en outre, chargé d'une mission auprès de l'empereur Sigismond, qui prétendit ensuite la convoca– don du Concile de Constance. On a déjà souligné les répercussions musicales de cet événement, en tant que moment où le style anglais, amplement attesté dans le Codex XV, parvint à la connaissance des compositeurs continentaux. D'analogues liens d'amitié caractérisaient le rapport entre Jean XXIII et le frère d'Antoine, Guillaume de Challant, éveque de Lau– sanne, qui fut chargé d'importantes missions au sein de la Curie pa– pale. Homme de culture et de sensibilité littéraire et musicale, ne pourrait-il pas etre le Guillaume auteur du texte du motet Argi vices Poliphemus, avec lequel débute le répertoire de notre manuscrit? :Lhypothèse est aussi suggestive qu~ possible. Le successif Concile de Baie nous montre une autre série de per– sonnages qui marquent une continuité historique entre la Vallée d'Aoste et les événements saillants de cette époque: depuis le cardi– nal de Brogny, savoyard, jusqu'au secrétaire du Concile, Rodolphe Savioz, né à La Salle, et à de nombreux éveques et prélats de l'Eglise valdòtaine: Oger Moriset, Jean de Prangins, Antoine et François de