- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991
La[emme dans la culture issimienne 431 Personnellement, je me souviens eneore d'avoir vu cles femmes de chez nous qui montaient au mayen ainsi chargées tout en trico– tant cles semelles pour les chaussettes de leurs époux (semelles qu'el– les nomment skappun dans leur dialecte guttural). C'est notamment parce que leur tache a toujours été rude qu'el– les sont habituées à ne pas laisser leurs mains désoeuvrées. Leurs hommes s'adonnant en grand nombre à l'émigration saisonnière, el– les ont toujours été habiles de leurs mains sachant faire tous les tra– vaux habituellement réservés aux femmes, mais ne dédaignant pas les travaux cles hommes. Il fallait bien savoir les remplacer, le cas échéant, car ils étaient si peu nombreux au village, pendant la bon– ne saison surtout. En outre, c'était un plaisir pour elles de voir leurs hommes ren– trer en automne cles chantiers de France ou de Suisse, de les accueil– lir dans une maison bien propre et bien récurée à la bros.se et de leur présenter les engragements bien entassés ainsi qu'une bonne réserve de bois mort ramassé sur les biens communaux. Leurs hommes n'auraient pas eu besoin de se précipiter à couper le mélèze touché parla foudre ou les vernes que le Lys menacait.... ! Et puis, elles al– laient etre récompensées du travail qu'elles avaient fait, car, dans le baluchon contenant les habits de travail à nettoyer et à raccommo– der pour le prochain départ, elles allaient certainement trouver du beau tissu pour se coudre un tablier et un fichu tout neuf à arborer à la grand-messe du 8 décembre (d'lljicku winnacht =le petit Noel, comme on a l'habitude de nommer ce jour de fete). Je crois aussi que c'est du fait d'avoir du vivre une grande partie de l'année sans la présence cles hommes que les femmes de chez nous sont si superstitieuses. Il y a bien longtemps qu'elles ne croient plus aux fées mais que dire cles sorcières? ]'ai souvent entendu relater la capacité de certai– nes vieilles femmes d'òter le lait aux vaches ou d' empecher la crème de se tourner en beurre. Comment lutter contre une telle capacité si néfaste? C' était simple: il suffisait de prendre à l'étable une cles chaì– nes cles vaches ensorcelées, la faire rougir dans la braise de l'atre et la frapper fortement d'un marteau ... tous les coups allaient à la sorciè-
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