- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991

La femme dans la culture issimienne 433 tait qu'à lui offrir le bouquet au prochain mariage auquel ils étaient invités tous les deux, pour former couple ftxe toute la journée, soit à l'apéritif dans toutes les auberges du Dorf, soit à table, soit au bal. Ce n'est d'ailleurs pas si sorcier pour une ftlle de se montrer agréable quand elle le veut, de façon à faire na.ltre des idées dans la tete d'un homme! Toutefois, il était nécessaire de ne confter à personne le choix décidé: histoire d'embeter, la plus intime des amies aurait eu vite fait à la précéder dans l'offre du bouquet (aux fleurs toutes cro– chetées à la main pendant les veillées) qu'aucun garçon n'avait le droit de refuser. Et le pauvre garçon? Comment pouvait-il savoir si la ftlle qui lui avait paru aimable était vraiment digne d'attention? Sa mère, avec toute sa sagesse, lui avait expliqué que, par un hasard bien agencé, il devait la regarder éplucher des pommes de terre. Cette opération al– lait en dire long sur son caractère: si elle tenait le couteau du bout des doigcs, elle avait peur du travail et ne lui convenait point; si elle épluchait trop profond, elle était gaspilleuse et l'on sait bien que l'homme a beau apporter à la maison, si la femme gaspille rien ne s'y arrete; si elle laissait des tavelures, elle n'était pas bonne cuisinière et un homme qui travaille a quand meme le droit de prendre quel– ques plaisirs à table; si elle ne faisait que tirer les pommes de terre de l'eau sans les frotter, elle était sale... et la propreté a toujours été te- nue en grand honneur chez nous .. . Ce que j'ai relaté jusqu'ici relevant encore du folklore, entrons à ce point dans le véritable domaine de la superstition. Si par malheur quelqu'un venait à décéder subitement, j'ai toujours entendu une femme de la maison dire: - Je le savais qu'il allait m'arriver quelque chose de mal. Et cette pré-connaissance lui dérivait du fait qu'un petit oiseau était entré dans la maison, que le chien avait pleuré, que le renard avait déposé ses selles dans la cour, que le coq avait chanté la nuit, que la chouette avait poussé ses cris près de la maison, ou bien qu'elle avait revé de perdre une dent ou bien eneore qu'elle avait versé elle-meme de l'huile ou du café.