- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991

La femme dans la culture issimienne 435 La superstition? Faut pas y croire, ça porte malheur! ... De nos jours, d'aucuns disent que la superstition n'est qu'un si– gna! d'ignorance et qu'on ne la retrouve plus que chez les rares illet– trés qui survivent. En tous cas, l'on peut dire bien cles choses cles Issimiennes mais rarement qu'elles ne savaient ni lire ni écrire. Le vieux coffre de mon galetas à Issime renferme encore bon nombre de lettres presque toutes écrites par les femmes avec leur belle écriture penchée vers la droite. Ce sont les lettres qu'elles écri– vaient à leurs maris ou à leurs enfants pendant les séjours de ceux-ci à l' étranger, pendant leur service militaire ou pendant la guerre et qui ont été rapportées à la maison par les hommes à leur retour. I.:on y lit les nouvelles cles décès ou cles maladies, cles inondations ou cles périodes de sécheresse, du prix cles denrées et les difficultés d'approvisionnement, enfìn, c'est le récit de toutes les menues cho– ses qui constituent la vie quotidienne. Tout cela rédigé meme d'une façon agréable. En voici une camme exemple. C'est mon arrière-grand-mère Marie Pantaléonie Geors qui l' écrivait a son fìls Joseph le 15 aout 1877: Mon plus tendre fils, Répondant à ta lettre toute désirée de moi et de nous tous, j'ai la joie de voir que tu es en bonne santé et que tu travailles à Aoste et de n'étre pas allé t'enfoncer dans aucun souterrain parce qu'ils sont trop dangereux et bien malseins; je suis bien fochée que les frères sont partis pour le Gothard en te laissant tout seui, mais mon cher fils si en cas que tu n'aurais pas d'ouvrage qui te conviandrais ou que tu au– rais envie de venir travailler au pays, . le fils Louis, soit ton frère, m'a bien chargé de te dire que lui et ]ean ont méme trop de travail ici et ils se voient mainte fois obligé d'en renvoyer et si tu veux venir Louis m'a dit de te dire que lui te promet fr. 2, 75 à fr. 3, 00 par jour jusqua la Toussaient et il serait bien content de t'avoir avec lui et le frère ]ean qui travaillent presque tout l'été ensemble, ainsi regarde s'il te conviendrait