- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991

436 Lucienne Landi de venir, quand à nous nous n'avons pas besoin de te dire notre conten– tement de te voir parmi nous au plus vite et, si tu viens, foit le plaisir de répondre de suite parce qu'alors les frères prennent encore d'autre tra– vai! autrement ils n'en acceptent plus parce qu'ils ne pourront pas ache– ver tout pour le temps dit et ainsi je te prie etje désire que tu viennes en fomille avec moi ou plus tot ici, tu sais encore que chambre, blanchissa– ge et autre ne te coutera pas et tu seras bien toujours mieux traité qu'à l'étranger et quant à moi je désire hardemment de te revoir avec nous; · outre de celà je t'avertis encore que je suis venue informée après ton dé– part d'ici que lorsque tu étais au Gothard il t'était arrivé quelque tort sur ton compte et que tu ne t'étais pas aperçu parce que tu étais trop bon et que tu t'étais trop fié des gens qui ne cherchaient que ton préjudice et leur profit; en peu de mots on t'avait plutot plumé sans que tu te soies aperçu ainsi je t'avertis de regarder bien ton compte, tant dans les journées comme tes différentes dépenses. ]'ai retiré de Christillin Marie, veuve de Mathieu, fi: 7,50 et fr. 12,50 de Linty Louis d'intéret que je te rendrais compte. · Nous ici nous sommes encore tous bien ainsi que les frères et tous te saluent et tu salueras aussi Goyet]ean de la part de sa mère. Enfin, bien cher fils, je te recommande de m'écrire souvent et de me consoler par tes lettres et je t'embrasse et salue de tout amour ei a./fection et suis ta mère toute attachée. Dandrès Marie Telle est la langue que savait manier en 1877 la petite paysanne qu'était mon a!eule Marie, bien plus habituée à tenir une faucille dans ses mains qu'une plume entre ses doigts. Il m'est souvent arrivé d'entendre dire que le français était chez nous une langue imposée pour les rapports avec l'autorité et qu'elle n'était que très peu con– nue du petit peuple. Cette lettre suffit à elle toute seule pour réfuter une telle affirmation. Il y a bien quelques fautes d'orthographe et l'on y remarque la traduction littérale de quelques expressions du toitschu. J'ignore si Marie Pantaléonie Geors, épouse Dandrès, sa– vait l'italien; ce qui est certain c'est qu'elle parlait à la maison son dialecte alémanique, le patois franco-provençal avec une partie de

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