- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991

454 Bibliographie valdòtaines, à rapprocher des pages que Perrin a consacrées aux fran– chises de Vallaise et Zanolli à celles de Lillianes. Fiorenzo Negro, hòte flxe des Sources, couronne ses travaux sur les réformes de l'age des Lumières dans notre Pays, par l'édition du «Mémoire sur la Vallée d'Aoste» écrit en 1778 par le bacon chablaisien Amé-Louis-Marie Vignet des Eto– les, lntendant de la Vallée et Prési– dent de la Déiégation pour la Péré– quation, c'est-à-dire le premier res– ponsable sur place de la suppres– sion de l'ancien régime valdòtain. Negro, alerté par une étude du pr Jean Nicolas, a déniché le Mémoire de Vignet aux Archives Départe– mentales de la Haute Savoie à An– necy. Pour la première fois nous pouvons donc regarder, notam– ment pour les questions politiques, le revers de la médaille gravée par De Tillier dans son Historique. Evi– demment Vignet soutient que le pouvoir de la Maison de Savoie en Vallée d'Aoste s'est établi dès le dé– but dans sa plénitude. Il bat par conséquent en brèche l'interprétation de fibre dédition que De Tillier donne de la charte de 1191 et pour ce faire il suresti– me, entre autres, la valeur de la charte de Chambave de 1100. Le secrétaire des Etats lui sert cepen– dant de source pour nombre de données historiques. De chaque communauté Vignet donne le nombre des habitants et des feux ainsi que le montant de la taille qu'on y tirait. Ses descriptions géo– graphiques sont très détaillées et les données économiques qu'il nous fournit se révèlent de tout premier ordre et du plus haut intéret. Elles conflrment en tout cas le tableau économique que Bernard Janin dressa en 1968 dans la Vallée d'Aos– te en se fondant sur les documents des archives turinoises. Il en ressort une Vallée continuellement guettée par la misère et où la vie n'est as– surée qu'au prix de labeurs érein– tants et ininterrompus. Cependant «/es Cogneim travaillent p eu l'été et ne font absolument rien en hiven>. Des jugements tels que celui-ci parsèment le Mémoire et en consti– tuent meme le charme. Vignet s'occupe de tout et son attention pour les còtés désagréables et les ty– pes bizarres de la vie valdòtaine lui aurait valu de l'Abbé Gorret la défl– nition d'<<auteur à crétins>>. Nous sommes évidemment en présence d'un homme des Lumiè– res ahuri par l'état de nature et l'at– tachement chicaneur aux anciennes formes de vie rencontrés en Vallée d'Aoste. Lisons, pour nous en con– vaincre, les lignes qu'il consacre à tancer l'esprit vétillard des mem– bres des anciennes assemblées et à se moquer des réfectoires des cha– noines de la Cathédrale. Son but est celui de rationaliser la vie politi– que, administrative, économique et