- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991
460 Bibliographie naissances. La troisième est l'intelli– gence portée à un degré sublime ou le génie qui se fraye de nouvelles voies, et va à la recherche de décou– vertes propres à étendre les limites des connaissances humaines; ces intelligences-là sont très rares. Les premières ont de la peine à se suffi– re à elles-memes: les secondes peu– vent etre utiles à leurs contempo– rains, et les troisièmes laissent un précieux héritage aux générations futures». Quelle belle analyse! Quelle uni– versalité dans le propos! Quelles moissons d'espérances pourraient tirer de ces simples lignes les géné– rations montantes, qui prétendent le plus souvent de savoir sans con– naitre, qui ont perdu les racines sur lesquelles s'était ancrée la pensée de leurs pères, qui veulent tout de sui– te entrer dans la vie sans savoir en défìnitive ce qu'elles recherchent véritablement. Peut-on dire de ce livre qu'il est dépassé, qu'il n'y a plus de raisons de le lire et de s'y confronter? Fon– damentalement, non, si on sait le situer convenablement dans l'épo– que où il a été écrit, comme le font généralement les véritables histo– riens de la pensée humaine, ou, pour mieux le dire, les historiens tout court, car l'histoire est deve– nue désormais de nos jours la des– cription non pas des grands faits de guerre ou la biographie des person– nages illustres, mais la description des mentalités des hommes qut nous ont précédés. Voulons-nous, sur un point inté– ressant, mais ils sont en nombre indéfìni, actualiser la pensée de ce grand Valdòtain du siècle dernier? A propos des qualités et des dé– fauts de la femme, Gal écrit quel– que part: <<La femme est le ressort se– cret qui foit fonctionner la machine sociale (c'est nous qui soulignons). Plus son influence est cachée, plus elle est active; moins elle parait, plus elle opère. Les hommes occupent les em– plois et /es femmes /es donnent. On peut dire que les faits de l'histoire appartiennent à l'homme, . et que leurs causes motrices découlent de la femme>>. Il écrivait cela, il y a plus de cent-vingt-cinq ans et ces lignes ont du scandaliser bien de bien– pensants de son temps. S'il écrivait de nos jours, il aurait été incontestablement un des meil– leurs pionniers de l'émancipation féminine. Gal un précurseur? Peut– etre. Il fut en tous les cas un ana– lyste constane, patient et lucide des universaux moraux et humains qui dirigent malgré tout la société hu– maine et qui, par défìnition, sont indestructibles. Que les générations montantes lisent avec attention ce beau libre. Elles y trouveront sans doute un remède à l'arrogance et à l'agressi-
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