- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991

72 Maria Costa raire de pure évasion, visant à inspirer aux petits la peur des dangers et l'obéissance aux parents, et à offrir aux adultes une paremhèse agréable, un moment de répit et d'amusement au sein des ennuis du quotidien, un succédané du reve pour déclencher la fantaisie, la projetant hors des contours d'une réalité souvent teme et oppressi– ve. Sur le meme plan se situent le conte et la nouvelle, cependant beaucoup plus ancrés dans le monde réel, s'adressant parfois à une catégorie plus restreinte d'auditeurs ou de lecteurs, parfois plus cul– tivés que les destinataires de la fable, ayant par conséquent des pré– tentions littéraires et esthétiques plus marquées. 1 Plus proches peut-etre de la fable que du conte, bien qu'abon– damment exploitées par les deux, les légendes populaires semblent se rattacher plus directement à ce "réservoir" de coutumes, de croyances religieuses et profanes, de superstitions et de rites, super– posés ou juxtaposés aux mythes anciens, dont l'ensemble constitue celle qu'on peut défìnir "culture populaire". 2 Le principal véhicule de diffusion de cette culture a été, pendant des siècles, la transmission orale; en ce sens, une coutume typique– ment paysanne, propre à la culture française et à la tradition valdò- 1 Pour un approfondissement du sujet nous suggérons la lecrure et la consulta– non des ouvrages suivants: S. THOMPSON, The Folktale, 1946 (rraduction italienne sous le tirre La fiaba nella tradizione popolare, Milano 1967); A. AARNE et S. THOMP– SON, The Tjpes ofthe Folktale: A classification and Bibliography, Helsinki 1928, réper– toire fondamental des sujets traités par !es contes populaires dans la littérature et dans la tradition orale; non moins importante l'érude de J. BOLTE et G. POLIVKA, An– merkungen zu den Kinder-und Hausmiirchen der BrUder Grimm, 5 voll., Leipzig 1913- 1932; V. PROPP, Morfolcgya Skazki, Leningrado 1928 (en italien Morfolcgia della fia– ba, Torino 1966). Pour la culture &ançaise en particulier, nous rappelons: J. BI!DIER, Les Fabliaux, Paris 1893; P. DELARUE et M.-L.TENEZE, Le Conte populaire français, 3 voli., Paris 1976; La nouvelle française à la Renaissance, érudes réunies par L. Sozzi, Genève-Paris 1981. Un répertoire des personnages et des sujets de la tradition narrati– ve valdòtaine a été récemment rédigé par T. GATTO CHANU, Il fiore del leggendario valdostano, Torino 1988. 2 A propos des liens enrre le mythe et la fable, c( l'érude déjà citée de V. Propp et !es successives remarques de C. LEVI-STRAUSS, La Structure et la Forme. Réflexions sur un ouvrage de Vladimir Propp in «Cahiers de l'Instirut de Science Economique Appli– quée», 7, mars 1960 (traduction italienne, en appendice à l'édition italienne de l'ou– vrage de Propp).

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