- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991

76 Maria Costa courant l'indigence d'un vieillard de La Thuile, lui offrent un àne capable de frapper, sur commande, cles napoléons d'or... quitte à le transformer, par la suite, en un bloc de granir, puisque le Thuilain ne sut pas garder son secret.9 La croyance attribuant aux fées le ròle de génies protecteurs cles sources et cles cours d'eau trouve son origine dans la personnifìca– tion cles forces de la nature que l'on rencontre déjà chez les peuples primitifs et qui a engendré une véritable foule d'esprits partageant les attributs humains et les prérogatives de la divinité. C'est encore l'abbé Christillin qui reprend cette poétique tradition l'assemblane à l'autre qui suppose les fées capables de prendre l'aspect de n'imporre quel animai, au risque meme de perdre leur vie. Les fées-serpents de Fontainemore, protectrices de la fontaine de Préal et cles lacs du Vargno et de Prez, victimes de l'indifférence et de la méchanceté hu– maines, abandonnent à jamais leur demeure aquatique, non sans en avoir rari, pour toujours, la précieuse source. 10 Comme nous l'avons vu, l'image de ces créatures fantastiques est tellement complexe et nuancée que la fantaisie populaire les range tantòt parmi les génies bienfaisants tantòt parmi ces esprits capri– cieux et volages, tels les gnomes et les lutins, chers à la tradition de la fable, dont il est toujours prudent de se méfìer. Il y a, par contre, dans la légende populaire, deux catégories de personnages surnatu– rels qui n'offrent aucune possibilité d'ambivalence, car le diable, personnifìcation cles forces du mal dans un sens absolu, et les sorciè– res qui en sont les adeptes, ne peuvent qu'etre ennemis de l'huma– nité . Dans la littérature valdòtaine le démon est décrit sous les for– mes que la tradition occidentale lui a attribuées depuis le Moyen Age: tantòt un hideux animai aux yeux de feu, tantòt un Monsieur élégant et raffiné qu'un hasard quelconque fìnit par trahir, dévoilant la fameuse queue ou le pied de chèvre, attributs directement puisés à la mythologie classique: que l'on songe à la représentation du dieu Pan ou cles satyres. 9 Io., Les trois Fées du Buie, in «Le Mont-Blanc», 1927 (39). IO J.-J. CHRISTILLIN, op. cit., pp. 69-73.