- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991
80 Maria Costa brait le passage des saisons, où le feu, conçu comme élément purifì– cateur, symbolisait le renouveau de la nature par la destruction des esprits nuisibles. .Cimage du chat sorcier et compagnon de sorcières revient sur un ton beaucoup moins sombre, on dirait meme burlesque, sous la piu– me de l'abbé Henry dans une légende de la Valpelline évoquant un sabbat. 19, Une belle inconnue invite au bal un jeune berger de Ver– ney. Danseur passionné il s'y rend, se retrouvant au milieu de gens ricaneurs et de musiciens jouant toujours le meme refrain. Ayant compris, entre un pas de danse et un verre de vin, d'etre tombé au beau milieu d'un sabbat, il s'en dérobe par un prompt signe de Croix qui fait immédiatement tomber le sortilège: en fait , c'est avec une "séduisante" chèvre rouge qu'il venait de virevolter, accompagné d'un trio déchalné de chats rigoureusement noirs jouant de l'ac– cordéon, dans la salle remplie de moutons, d'ours, de loups et d'au– tres betes sauvages. Le jeune homme gardera le souvenir de cetre soirée dans sa chevelure précocement blanchie. La morale veut etre sévère et mettre en garde contre la fréquentation de gens et de lieux inconnus et l'enthousiasme effreiné pour les bals; mais l'ilarité trans– paralt à travers les lignes du récit et le rapprochement entre la bizar– re orchestre de matous et les sympathiques musiciens de Breme des frères Grimm est immédiat. Une aventure tout aussi tragi-comique, ayant pour protagonistes une clique de sorcières et deux bossus habitant le hameau de Tein– sod, sur Saint-Vincent, est racontée par l'écrivain André Ferré. 20 Le décor est presque identique: au coeur de la nuit, dans une clairière au milieu d'une cha.taigneraie, se déroule un sabbat; le premier des deux Teinsoleins, revenant d'une visite aux cabarets des alentours, se trouve, malgré lui, entrainé dans la danse par une sorcière «horrible et échevelée», à la voix chevrotante. Mais le bal terminé, on le ré– compense de son courage et de son adresse de danseur en lui cou- 19 J.-M. HENRY, La Senegogga, in «Le Messager Valdòtain>>, Aoste 1938, pp. 24- 25. zo A. FERRÉ, Les deux bossus de Teinsod, in «Le Flambeau>>, Aoste 1950 (1).
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=