- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1991

Personnagesfantastiques et symbolique animale 83 s'inscrivent, pour n'en citer que les exemples les plus connus, la lé– gende de saint Georges, très proche par ailleurs du mythe de Persée et Andromède, celles de sainte Marguerite d'Antioche et de saint Clément éveque de Metz; ce dernier aurait délivré la ville d'un monstrueux dragon dont le Trésor de la cathédrale conserverait en– core aujourd'hui les "restes". S'emparant du thème de la lutte contre le dragon, ainsi que du symbolisme de la pierre précieuse, le christianisme a recréé ces mythes les enrichissant d'allégories et de signifìcations nouvelles. L immersion dans les eaux et le combat avec le monstre qu'elles recèlent, épreuve initiatique chez les anciennes civilisations orienta– les et océaniennes, devient, chez les Pères de l'Eglise, un des élé– ments du bapteme et avant tout du bapteme du Christ dans les eaux · du Jourdain, aussi bien que de sa descente aux Enfers pour délivrer les hommes de l'esclavage du péché. Pour en revenir à nos contes populaires, on peut affirmer que toute légende, ainsi que tout autre forme de littérature écrite ou ora– le, peut recréer et prolonger, plus ou moins inconsciemment, un mythe. Certes, l'imagination populaire ne se soucie pas des symbo– lismes ou des allégories que ce mythe recèle: elle l'enrichit à son tour de contenus nouveaux infìniment variables, actualisant ou récupé– rant en meme temps, sans le savoir, les primitives signifìcations. On peut dire alors, avec Mircea Eliade, que «c'est la présence des images et des symboles qui conserve les cultures "ouvertes"»; 26 et c'est aussi dans cette optique, il nous semble, que les thèmes chers à notre littérature locale mériteraient une relecture et un approfondisse– ment. 26M. ELIADE, op.cit., p. 229.