- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1993
Remerciements 249 Bailly arrive à Paris; et ensuite les grandes correspondances, camme celle de Mme de Sévigné, commencent nettement plus tard, vers 1670. Nous avons done un vide à combler, et l' ceuvre du père Bailly permet de le combler. D'autre part, camme j'ai eu l'occasion de le dire en particulier, la correspondance d'un cles meilleurs témoins de la vie intellectuelle du temps, qui est Chapelain - quelqu'un que certainement Bailly connaissait très bien - est perdue pour la pério– de en question; c'est-à-dire que l'ceuvre du père Bailly est un docu– ment irremplaçable, non seulement irremplaçable en tant que docu– ment, mais parsa qualité littéraire il nous introduirait véritablement dans ce milieu de la vie parisienne. Alors, je crois que le courage ne manque pas, mais il faut aussi la décision, la volomé, et cette déci– sion, cette volomé, je pense que M. Mombello la trouvera facile– ment en lui-meme et autour de lui. Mais cette figure d'écrivain peut nous conduire, je crois, à cles remarques de très grande portée, car c'est un écrivain français typique. Il vit à une époque où, peut-on dire, le pòle de la culture est en train de se transporter de Rome à Paris. Le pòle de la culture a été Rome jusqu'à la fin du XVIe siècle. Cela ne veut pas dire que Rome n'ait pas exercé encore ensuite une influence considérable; mais cette Rome que l'on peut appeler baro– que, pour emp]oyer un terme trop simple mais qui a l'avamage d' etre simple, cette Rome baroque est en train d'etre supplantée par le Paris classique. Le père Bailly est un témoin remarquable de cette transformation qui joue sur la langue, mais aussi sur la rhétorique, sur l'art, sur les arts en général, sur l'art d'écrire en particulier et qui joue sur la culture d'une façon plus générale, car c'est toute une cul– ture qui change. Après la culture de l' exubérance, de l' emhousiasme, de la grandeur, de la majesté, vient la culture de la sobriété, de l'intériorité, de la discrétion, de la rationalité, mais d'une rationalité qui n'est pas du tout inhumaine et qui est, au contraire, une ratio– nalité vécue, une rationalité vivante. Dane ce langage, ce style du père Bailly, aussi bien d'ailleurs dans ses ceuvres imprimées - qui sont beaucoup plus vivantes qu'on ne pourrait le eroire - que dans ses lettres prodigieusement vivantes, cet art d' écrire du père Bailly possède une valeur extremement importante et décisive en la pério– de où il a vécu. Je crois qu'il est difficile de trouver un meilleur té-
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