- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1994
168 Anselme Lucat Pour ce qui se rapporte au problème de la langue, il prévoit, à l'artide 15, que «Les langues française et italienne seront enseignées à parité dans tous les cours, tant primaires que secondaires, et pourront ètre indifféremment employées dans tous les actes publics, à l'excep– tion cles actes cles Tribunaux et cles Prétures qui seront rédigés en ita– lien». Nous remarquons qu'aucune déclaration d'officialité n'est faite ni pour l'une ni pour l'autre cles deux langues. Un oubli? Certainement non. Le pourquoi est beaucoup plus profond. Mgr Stévenin connais– sait très bien, pour les avoir vécus, les temps où en Vallée d'Aoste la langue française était vraiment la langue naturelle cles valdotains, la langue que, avec le patois, on pouvait bien à raison qualifier de «maternelle». Il estimait clone plus que suffìsant que l'enseignement cles deux langues fut «à parité» et qu'elles fussent employées «indiffé– remment dans les actes publics» pour que le français redevienne, comme jadis, une réalité bien vivante dans toute la Vallée d'Aoste. Il faut aussi souligner que Mgr Stévenin, dans son Statut, avait réservé toute compétence aux Communes pour l'école primaire et au Conseil régional pour l'école secondaire. Et c'était aux Communes et au Conseil régional que, selon leurs propres compétences, le pouvoir était reconnu «de nommer les enseignants et veiller sur l'enseigne– ment». Cela aurait du ètre suffìsant pour garantir l'apprentissage du français à parfaite parité avec l'italien dans toutes les écoles valdotai– nes cles différents degrés et l' usage cles deux langues indifféremment, dans les bureaux et dans les actes publics. Malheureusement la réalité a été et est bien différenre. Le bilin– guisme, quoiqu'il représente la base du particularisme valdotain et malgré les inrervenrions financières de la part de l' administration publique, est bien loin d'ètre réalisé et, de nos jours eneore, n'est qu'ùn but qu'il sera bien difficile d'atteindre mème dans le futur, si les choses ne changeront pas radicalement. Peut-ètre que l'unification de l'Europe et les rapports toujours plus étroits avec les Pays fran– cophones qui en découleront donneront aux valdotains un coup de main pour réaliser ce que, d'eux-mèmes, ils n'ont pas encore réussi. Le projet de Mgr Stévenin présenre, enfin, une particularité que
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