- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1994
324 Lucienne Faletto Landi tion, Pietro Antonio avait été maréchal cles logis de gendarmerie près de Gènes; il avait déserté, s'était engagé à la Légion étrangère, en avait encore déserté et était devenu entrepreneur de travaux publics en France. La piste de la Légion étrangère ouverte par ce récit a pu ètre vérifìée. Aux Archives de Vincennes l'on retrouve un Giono Jean-Baptiste, engagé volontaire à Grenoble le 8 aout 1831, nommé caporal le 21 aout 1833 et congédié par libération, c'est-à-dire à l'expiration de son engagement le 21 janvier 1835. Il n'a clone pas déserté de la Légion, et c'est ici seulement que la tradition est inexacte. La date de l'engagement, 1831, correspond à celle cles mouvements de révolte nés dans le royaume de Sardaigne du contrecoup de la révolution de 1830 en France. On peut clone supposer que le grand-père Giono a été mèlé. Il a peut-ètre donné comme prénom, lors de son enròle– ment, Jean-Baptiste et non Pietro Antonio, afìn de dérouter d'éven– tuelles recherches. Il aurait clone pu ètre déserteur pour cles raisons politiques. Vers 1844, lorsque s'ouvrent les chantiers du chemin de fer de la ligne de Marseille à Avignon, on le retrouve à Saint-Chamas. Ici, il fait la connaissance d'une jeune fìlle de vingt- cinq ans - vingt– quatre ans de moins que lui -, Angela Maria Astegiano, originaire cles collines de Montezemolo dans la région cles Langhe. Angela Maria, le 14 avril 1845 met au monde un fìls, Jean Antoine, le père de Giono. Pierre Antoine (qui a repris son vrai prénom) le reconnaìt et épouse la mère le 26 février 1846 à la mairie de Saint-Chamas. Trois autres enfants suivront: en 1847, Catherine, qui deviendra Bonino par mariage; en 1849, Marguerite, qui deviendra Fiorio et en 1852, Louis Pierre Antoine, qui ne vivra que neuf mois. Lon est mal renseigné sur les dernières années de la vie de Pierre– Antoine. Des chercheurs, se basant sur l'absence de sa signature sur les actes de naissance et de mort de son dernier fìls, suggèrent qu'il a, en 1852, quitté sa famille ou a été quitté par elle. Lon rapporte eneo– re une tradition dramatique selon laquelle Pierre-Antoine se serait suicidé après avoir tout perdu au casino d'Aix. En ce cas, sa mort n'aurait pas été immédiate, car il est mort à l'hospice civil d'Aix-en– Provence le 9 février 1854. Après avoir longtemps tenu une auberge à Peyrolles, dans la vallée de la Durance, sa femme s'éteindra dans le mème hospice que lui en 1875.
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