- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1994

Voyage autour d 'une correspondance entre l'écrivain Giono et Raggi-Page 325 Pour Giano, son grand-père a été une figure essentielle. Mais qu' eri a-t-il su exactement? Pierre-Antoine est mort lorsque son fils Jean-Antoine, le père de Giano, n'avait que neuf ans et c'est surtout par sa mère Angela Maria que Jean-Antoine a pu en savoir quelque chose. Mais tous ces passages sont autant d' occasions de dissimuler, d' embellir, de mal comprendre ou de reproduire inexactement. Encore que Jean Giano, notre écrivain, excellait lui aussi dans les notices imaginaires et, dans ses écrits, il se contredit maintes fois. Voici quelques renseignements donnés par le romancier sur son grand-père auquel il ne donne jamais son vrai nom de Pierre-Antoi– ne: <<}ean-Baptiste Giono (. . .) était un Piémontais, carbonaro de la meme vente que François Zola, et officier, il avait Jait partie des troupes chargées de réprimer les révoltes des paysans cléricaux de la Calabre. La répression avait été implacable. Puis il avait conspiré contre l'autorité, il avait été pour ce condamné à mort par contumace tandis qu'il se cachait près de Montezenello (sic). Il avait réussi à s'échapper, s'étant défiguré par une cicatrice, ayant repris son uniforme de capitaine et se faisant passer pour le capitaine chargéjustement de rechercher le nommé Giono dans le Piémont. Il avait pu ainsi arriver jusqu'à Briançon, et descendre vers la mer et gagner Alger où il y avait le choléra. C'est alors qu'il s'est engagé comme infirmier. Revenu ensuite en Provence, il était à Aix, quand François Zola, le père d'Emile Zola, construisit le canal Aix-Marseille. ]ean-Baptiste Giono prit tout seui l'entreprise du barrage du Tholonet; puis il eut une charge de comptable dans l'entreprise de François Zola. Tout ce qu'on sait ensuite de lui, c'est que la maison où il habitait à ;4ix fut détruite dans un incendie, qu'il disparut et mourut, sans doute en 1852, mais on ignore en quel endroit». Notre romancier, camme l'on voit, cherche à donner du galon à sa famille et il n'est pas prouvé non plus que son grand-père et François Zola se soient rencontrés, quoiqu'il existe une série de symé– tries curieuses entre les deux Italiens, nés en 1795, militaires, venus en France engagés dans la Légion et finissant leur carrière dans le Sud-Est en participant à de grands travaux. Ils se sont tous les deux occupés de chemins de fer quoique en cles lieux et cles temps diffé– rents. Toutefois, à cette histoire cles relations avec le père de Zola, Giona tenait beaucoup et l'évoque souvent.

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