- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1994
326 Lucienne Faletto Landi Quant à l'histoire de la vie de Jean-Antoine, ce n'est pas aux écrits de notre romancier que l'on doit s'appuyer pour la connaitre. Là aus– si, il fabulise et se contredit souvent. Il est certaint que Jean-Anroine conduisit une vie errante pour une bonne partie de sa vie et qu'il s'arreta pas hasard à Manosque et il s'y fìxa à un certain moment. En 1891, il y fìt la connaissance de Pauline Pourcin qu'il épousera l'année suivante. Il a quarante-sept ans et Pauline douze de moins. Jean nait le 30 mars 1895, trois ans après le mariage de ses parents. Dans nombre de ses écrits, il évoquera la maison de son enfance, 14 rue Grande: la rue principale de Manosque où se trou– vait aussi l'atelier de cordonnier de son père avec ses cages pleines d'oiseaux. Le métier de son père, son savoir-faire, sa conscience d'ar– tisan fascinent Giono. Il n'a jamais le sentiment d' en avoir assez dit sur lui et il l'évoque dans une dizaine de ses livres. Lui qui réinventait constamment pour les mettre en scène toutes les techniques qu'il ignorait, il ·se montre, quand il traite du métier de cordonnier, d'un scrupule et d'une exactitude sans défaut. En 1902 Jean entre au collège de Manosque où il restera jusqu'en 1911. Comment une famille aux si maigres ressources a-t-elle pu assumer cles études qui étaient fort couteuses à l'époque? C'est que le collège de Manosque, gràce à une subvention municipale, n' était pas payant! Toutefois, à son atelier de repassage, sa mère gagnait de 30 à 40 francs par mois qui se réduisaient à 20 pendant les mortes saisons et son père en gagnait autant à faire ou à raccommoder cles chaussures. Jean ne pouvait plus ignorer qu'ils usaient patiemment de leurs der– nières forces pour le faire vivre. Au collège, il était un bon élève et il aurait pu réussir plus loin, mais il voulait cles réalisations immédiates et, le 28 octobre 1911, il entre au Comproir national d'escompte de Paris, agence de Manosque, aux appointements de 30 francs par mois. Il y passera trois ans et quelques mois avant la guerre et dix ans après. Il y est d' abord chasseur, il glisse des lettres dans cles envelop– pes et les porte à leur adresse, puis il passe au service de l'escompte. Il s'agissait d'établir des bordereaux en alignant des additions de trente– cinq chiffres compliquées d'agios. Ne le sauvaient, a-t-il écrit plus
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