- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1997

92 Gilberr Ceffa après la Libération, refuge et protection auprès d'ecclésiastiques inté– gristes. Si le respect du pouvoir établi est une attitude traditionnelle de l'Eglise, la légitimité d'un pouvoir ne tient cependant pas seulement à son origine, mais aussi à sa capacité d'assurer le bien commun. Il est clone logique que, depuis le débarquement anglo-américain réus– si en Afrique du Nord française, dès le 9 novembre 1942, la hiérar– chie catholique, en France, ait ressenti la nécessité de rechercher une solution politique transitoire. Cela n'allait pas sans difficultés, vu l'accélération cles événements et leur complexité. Entre Pétain et son "Dieu à l'école", l'amiral Darlan, son dauphin éconduit et dissident, le général Giraud, évadé de la forteresse de Konigstein, militaire très «vieille France catholique», victorieux en Tunisie puis libérateur de la Corse et sourenu par les Américains, et de Gaulle, résistant de la pre– mière heure appelant de Londres et fortement soutenu par les Soviétiques et les communistes français, le choix cles éveques de France ne pouvait se révéler d'une simplicité "évangélique". Les "théologiens anonymes" La hiérarchie catholique a cependant commis une grave erreur en revendiquant pour elle seule la charge de la responsabilité cles cons– ciences. En octobre 1943, elle condamna en termes très vifs les ré– dacteurs cles cahiers clandestins du Témoignage chrétien et les 't:héo– logiens anonymes" qui conseillaient aux jeunes d'obéir à leur cons– cience, par exemple en refusant dè travailler pour l'Allemagne et en gagnant les maquis. A l'exception de Mgr Saliège et de deux ou trois de ses confrères, presque tous les éveques français et de nombreux supérieurs religieux ont donné la consigne d'obéir au gouvernement de Vichy, toujours considéré comme le pouvoir légitime, meme après novembre 1942. Ayant encouragé le départ cles jeunes vers l'Allemagne, il devenait scabreux pour cet épiscopat de pourvoir les maquis d'aumòniers. Il convient aussi de reconnaitre que tous ces éveques, malgré les pres– sions, ont toujours refusé de nommer cles aumòniers dans la Milice,

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