- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1997

L'Eglise de France au cours des années brunes 93 police politique "française" au service de la collaboration avec les Allemands. Certes, au gouvernement de Vichy qui l'interrogeait, le Vatican a répondu qu'il n'avait rien à redire à ses mesures de repérage et ses fì– chages de Juifs prises dès 1940 et qui faciliteront les rafles en 1942. Certes, l'archeveque de Chambéry, Mgr Costa de Beauregard, a refu– sé de donner suite à une supplique de Léon Reifmann, un jeune mé– decin qui tentait de cacher dans cles colonies de vacances quarante– trois enfants juifs résidant au village d'Izieu. Peu après, Barbie les cueillait pour le.s faire déporter à Auschwitz, où ils furent exterminés. Certes, quand se déploient dans toute la France les rafles de Juifs, la peur de se compromettre et l'indifférence habitent alors un trop grand nombre de catholiques. Certes, un antisémitisme religieux lar– vé, insidieux, distillé depuis cles siècles n'est pas étranger à cette pas– sivité. Mais il est tout aussi injuste de méconnaitre ce qui fut réalisé par un grand nombre de pretres et de chrétiens au cours de cette tragique période, camme il est injuste encore de ne pas tenir compte cles dénonciations véhémentes ou prudentes de dignitaires de l'Eglise catholique prononcées alors et stigmatisant les brimades, les persécu– tions et les déportations de Juifs. La "résistance difensive" Des historiens compétents ont estimé à 330.000 environ le nombre cles Juits présents dans l'Hexagone au cours de la Seconde Guerre mondiale; un quart environ d'entre eux fut déporté, dont très peu survécurent. Mais n'oublions pas que les services ad hoc de l'Allemagne nazie, aidés de fonctionnaires français, avaient program– mé l'extermination totale cles Juifs de France. Si seulement le quart de ce sinistre programme fut réalisé, cela est du à l'arrivée cles troupes alliées en Allemagne, à l'habileté de nombreux Juifs à se dissimuler, mais aussi, et pour une part non négligeable, aux actions et à la sol– licitude de pretres, de pasteurs, de chrétiens et de non-croyants. A la rage cles déportations répondirent alors les initiatives du der-