- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1997

L'Eglise de France au cours des années brunes 101 A Compiègne, avec douze autres prerres, il rayonne sa foi; il écrit: «<. .:armosphère spirituelle du camp est rrès saine. Tous les marins, environ deux cents communions d'hommes». Le 27 avril, Jean Rosay parr "sans cafard" pour l'Allemagne, enrassés à cent vingr dans un wagon à bestiaux, avec pour rour ravitaillemenr un kilo de pain et un morceau de saucisson par personne. Jusre avanr de fran– chir la fronrière franco-allemande, la possibilité de s'échapper lui est offerte; il y renonce pour réconforrer ses compagnons d'inforrune. Le l er mai, les déportés, donr beaucoup sont décédés au cours de cet infernal voyage, arrivent à Auschwitz. En décembre, l'abbé Rosay est évacué sur Birkenau, qu'il quitte, le 18 janvier 1945, avec six mille aurres malheureux pour le camp de Gross-Rosen. Après deux jours de marche forcée et quarre autres jours de transporr dans cles wagons à charbon, on ne compre à l'ar– rivée que deux mille survivanrs. Le 20 février, le curé-archipretre de Douvaine doit partir de Gross-Rosen pour d'abord Nordhauser, puis Bergen-Belsen. Ces derniers déplacemenrs, roujours effecrués dans d'effroyables conditions, achèvenr de ruiner sa sanré déjà fragile. Il avair dù, avant guerre, soigner une ruberculose. «C'est fini», dir-il à l'un de ses compagnons, «je ne demande qu'une seule chose: durer jusqu'à Paques». Peu après la fete cles Rameaux de 1945, il enrre à l'infìrmerie; quelques jours plus tard, un camarade l'y recherche en vain. Jean Rosay, pretre, avait tenu jusqu'à Paques. Quand les troupes britanniques, à trois semaines de là, libèrent les rescapés de Bergen-Belsen, elles se trouvenr devanr de tels mon– ceaux de cadavres, qu'elles sont obligées d' incendier en partie le camp pour évirer roure épidémie. La générosité courageuse d'un petit séminaire Par sa position unique à l'est de Genève, le Juvénat de Sr– François-de-Sales de Ville-la-Grand était prédestiné à erre, au cours cles années brunes, un lieu de refuge et de passages clandestins. Ses murs jouxtenr exactemenr la fronrière franco-suisse; si l'on saure d'une cles fenetres de sa façade nord-est, l'an parr de France et l'an

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