- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1997

104 Gilbert Ceffa la frontière. Leur hargne cnlt au fur et à mesure de leur défaite sur tous les fronts. Plus l'occupation s'appesantissait sur la France, plus les appels au secours de toutes sortes affluèrent vers le Juvénat: fugi– tifs venant des grandes villes ou des diverses provinces, israélites que des passeurs à gage avaient refusés parce que trop pauvres pour payer la somme requise, etc., et meme, par deux fois, des déserteurs autri– chiens de la Wehrmacht; on devine l'interrogation angoissée des pères ... Travail en équipe A tous ces malheureux, il fallait procurer une cachette en atten– dant la nuit, puis celle-ci venue, les guider le long du mur-frontière; on marchait parfois assez loin, quand l'age ou des infirmités impo– saient une traversée plus aisée des fils de fer barbelés. Par clair de lune, on opérait aux environs immédiats du Juvénat, ce qui obligeait à des escalades acrobatiques. Lorsque les passages devaient avoir lieu de jour, le R.P. Favre et Frère Raymond, jardinier, agissaient alors en équipe. Ils avaient remarqué que les patrouilles allemandes, disciplinées, suivaient exactement le tracé de la frontière qui, depuis le proche Foron, dessine une boucle dans le terrain vers l'ouest; le mur-fron– tière du jardin, long et élevé, épouse une courbe inverse; il devenait alors un écran précieux. Le R. P. Favre avait calculé que trois minutes et demie s'écoulaient entre le moment où les patrouilles disparaissaient du champ visuel pour réapparaitre à proximité du Juvénat. De sa chambre située sous le toit, Frère Raymond observait et donnait le signal de départ en déplaçant san bonnet; il fallait alors, dans le temps impani, bandir de la cachette du Juvénat, atteindre le mur, le franchir à un endroit où les fils de fer barbelés étaient un peu détendus et atterrir, sans l::>ruit, en Suisse. N'oublions pas les navrants passages de la Suisse vers la France. Ils se composaient de personnes refoulées par les autorités helvé– tiques. Voulant accomplir humainement cette triste mission, les