- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1997
174 Lauro-Aimé Colliard En parodiant Flaubert, Marcel Lobet n'hésite pas à affìrmer maintes fois: «Nathanael, c'est moi, d'après mai». Et- comme Mon– taigne- il tient à souligner la place que ce «livre de bonne foy» occu– pe dans sa vie et dans son reuvre: c'est- écrit-il- «un songe d' enfant réalisé au soir de ma vie, à l 'à.ge où le vécu et le revé se melent dans la magie du souvenir, dans la pavane cles regrets et cles nostalgies, dans le ballet cles espoirs fous, cles vains désirs et cles vreux inaccom– plis». 66 C'est justement dans ce journal intime du dernier Templier, dans cette vaste chronique "intemporelle" - où il évoque l'aventure mys– tique d'un jeune "poulain" promis aux plus hautes destinées - que nous retrouvons l'idée maìtresse de notre auteur: le pouvoir rédemp– teur de la littérature considérée camme moyen de connaissance et de salut pour l'homme, parce que c'est grà.ce à elle que «l'humanité sera sauvée et que l'Etre triomphera sur le Néant». 67 Par le jeu cles allusions, cles alternances, cles rapprochements de gout et d'atmosphère, Nathanael est dans un certain sens un précur– seur de notre époque, meme s'il appartient au Moyen Age. C'est un Templier «dont l'armure spirituelle est d'un métal assez riche pour résister au choc du futur: le cheval volant de la Connaissance l'ero– porte du XIVe au XXJc siècle». 68 A l'instar de san cher confrère Mircea Eliade, 69 Lobet essaie de concilier l'art du roman et son pèlerinage aux sources du sacré, en étudiant moins les comportements physiques que l'intériorité psy– chologique, les espoirs et les idéaux d'un Orientai déraciné de san cours d'une vingtaine d'annés et dont je déposerai une photocopie au Musée de la lir– térature de Bruxelles (Bibliothèque royale Albert 1"). 66 Cf. Nathanael, op. cit., p. 11 (Préambule). 67 Cf. M. LOBET, La mystique littéraire d'Henri Petit, in "Cahiers Henri Perir", no 4 (1985), pp. 5-10. 68 Cf. Nathanaiil, op.cit., p. 13. 69 Professeur d'histoire des religions d'abord à l'Université de Bucarest, puis à la Sorbonne, et enfìn pendant vingt ans à l'Université de Chicago. Il est mort en 1986.
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