- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1997
320 Lin Colliard Désintéressé jusqu'à l'excès, il fut un homme d'une générosité incroyable, frisant la na'iveté. Comme l'abbé Trèves, il mourut abso– lument pauvre, et nonobstant sa pauvreté, ò puissance mystérieuse de la charité! il ne refoula jamais personne, fut-elle la plus importu– ne et la plus indiscrète, se faisant tout à tous. Alité depuis le début de novembre 1965, le chanoine Durand s'éteignit pieusement à l'Hòpital Mauricien le 16 avril 1966 à 8h30, à l'àge de 81 ans. Ici encore, un dernier, douloureux souvenir. Provenant de Turin, j'arrivai à Aoste peu avant la minuit de vendre– di 15; à la gare m'attendait mon ami, le docteur Charles Artaz, qui pendant de longs mois, conjointement avec Mme Lavevaz et ses confrères du Bourg, avait suivi, avec un admirable dévouement, l'état du malade. En peu de mots, il me renseigna sur la gravité de la situa– tion. Nous nous hàtames vers l'hòpital. Le chanoine était en train de bavarder tranquillement avec le curé de Signayes (son curé), M. l'ab– bé Antoine Proment. Il nous accueillit avec un large sourire; nous continuàmes à jaser; il se permit mème quelques-uns de ses traits d'esprit. J' étais éberlué; rien, à mes yeux de profane, ne faisait présa– ger une fin imminente. En sortant, je me permis de manifester à Carlo mes perplexités; il ne me répondit rien: un simple hochement de la tète, négatif. Le lendemain, vers 9 heures, un autre ami, le pro– fesseur Augustin Vuillermoz m'annonçait, par téléphone, le trépas du président de l'Académie Saint-Anselme. Ses obsèques furent imposantes. Ad perpetuam rei memoriam, je tiens à rappeler ici le noble geste qu' accomplit, en certe douloureuse circonstance, le président de la }unte régionale, M. l'avocar Sévérin Caveri, qui n'hésita pas à annoncer aux Valdòtains, par un Manifeste, ce deuil régional, en célébrant l'éloge de certe figure de savant et de patriote qui a inculqué à toute une génération l'amour pour notre langue et pour notre patrie valdòtaine, ces deux valeurs impéris– sables, quoi qu' on en dise aujourd'hui. Le bon chanoine repose dans la paix du cimetière de Signayes, ce petit coin de terre, le seul qui lui restait, dont il voulut faire donation à sa paroisse natale. Il m'arrive, parfois, de m'y rendre et d'y élever, avec lui, une courte prière pour notre Vallée chérie.
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