- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1997

326 Donar Nouchy Il pouvait le dire et il pouvait le faire puisqu'il connaissait son monde. Je lui demandais parfois cles nouvelles de nos malades. Souvent il me répondait: «]e ne sais pas ce qu'il en sera : il est malade depuis quatre générations : c'est-à-dire du meme mal dont j' ai soigné son père, son grand-père et son a!eul». Souvent cles jeunes lui parlait de leurs fìancées: «Elle est belle ta fìllette .. . Il est beau ton gars .. . mais n' oublie pas que dans cetre famille il y a eu ceci ou cela. . .». Un couple de jeunes époux avait eu un enfant chaque deux ans ; on était au troisième et les deux précédents étaient morts . .. Le mari maltraitait son épouse la jugeant coupable de cetre douloureuse situation .. . Il le prie de le suivre après une visite au troisième enfant, lui aussi en danger de mort, et en ma présence il lui dit très affec– tueusement mais très sérieusement: «Ecoute, mon ami, si la tenta– tion te viendra encore de maltraiter ta femme .. . rappelle-toi ce qui t'est arrivé lors de ton service militaire . . .». Cela pour vous dire quelle sorte de familiarité il y avait entre lui et ses malades. Il était reçu partout comme un ami, un père, plutòt que simplement comme un médecin ... On le considérait un vrai spécialiste pour les enfants, les femmes, les maladies pulmonaires,.. . · Il était en tout cas le médecin de tout le monde, mais particuliè– rement le médecin cles pauvres . .. Non seulement il ne voulait pas etre payé par les pauvres lors cles visites au dispensaire ou à la maison, mais souvent c'était lui-meme qui leur payait les remèdes. Un jour je le sermonnais à ce sujet, il m'a répondu tran– quillement: «Oh! Je ne suis pas tellement riche, c'est vrai, mais je suis assez riche pour pouvoir aider ceux qui sont plus pauvres que moi!» Il avait meme imaginé une belle fìnesse pour metrre les pauvres gens à leur aise: le matin il recevait le monde chez lui à Verrès, mais

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