- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/1997

Le docteur joseph-Marie A!!iod 327 l'après-midi il se faisait trouver tour à tour dans les pays de cam– pagne, dans une cantine ou devant une église, pour se metrre à la dis– position des plus timides. Il soignait ses malades, me disait-il souvent, en s'efforçant tou– jours de suivre et d'aider la nature; jamais de la remplacer ou de trop la forcer. Au moment où on découvrit ce miraculeux remède qu' on appe– lait la pénicilline il prévoyait qu'elle aurait sauvé une infìnité de malades, mais en meme temps il affìrmait qu'elle aurait été pour l'or– ganisme humain un tel surmenage que probablement les cancers et les tumeurs se seraient multipliés. Il n'a été peur-etre en cela que bon prophète. «D'ailleurs, disait-il en plaisantant, on l'appelle antibiotique... Ce qui veut dire contraire à la vie ... » A propos de ne pas forcer la nature je veux citer un cas qui a fait du bruit et qui pour lui avait été une occasion de grande souffrance. Il avait soigné pendant vingt ans une pauvre femme, qui, bien qu'alitée et paralysée, avait cependant pu continuerà vivre au sein de sa famille. A un certain moment un jeune médecin arrive dans ces parages, tout frais d'université. Il se permet de critiquer ouvertement le vieux médecin en l'accusant de n'etre plus au courant cles progrès merveilleux de la médecine. Les parents de la vieille femme l'appellent, en cachette, pour une visite. Il lui prescrit de nouveaux remèdes miraculeux et au bout de deux jours elle meurt. Le charitable commentaire du docteur Alliod est à peu près le suivant: «]e connaissais, moi aussi, ce nouveau remède ... mais je connaissais mieux encore cetre vieille femme . .. Je savais que le remè– de est vraiment efficace ... mais je savais aussi que la malade n'aurait pas pu le supporter... Je ne dis pas que mon jeune confrère a tué cetre femme, il est certain qu'ill'a aidée à mourir. Les médecins ne tuent jamais personne, parfois ils les aident à mourir !»

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