- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2003
Nécrologies 509 deux communes ; en effet, elle s'est déroulée dans la nouvelle grande étable que le syndic venait de construire ; les vaches n'y avaient pas encore pris piace, au fond de celle-ci, nous avions construit une espè– ce de plateau rudimentaire avec des planches et utilisé camme rideau des toiles qui servaient à transporter le foin (jloriau). Le public était assis sur le plancher des vaches et tout le long du couloir de service. À la sortie de cette soirée, insolite mais tout à fait bien réussie, quel– qu'un murmura satisfait : - Cetta vouè que l'est euna dzenta vèillà! Maque leur pouvon combiné de bague semblable (leur c'était nous du C. T.V.). Bien sur que si nous comparons l' ceuvre littéraire de Chenal, décrite par Joseph Perrin et les événements dont je viens de vous faire part, tout cela peut para!tre au premier abord contradictoire, car nous sommes en présence de deux aspects complètement diffé– rents d'une meme personne. Mais, connaissant Chenal, je peux affìr– mer que cela était possible, car il aimait tout ce qui avait trait à la vie de notre peuple et donc la plus simple tradition populaire, vécue au jour le jour, lui permettait de s'élever toujours plus haut vers la cul– ture littéraire. Pour mieux montrer comment de grands personnages peuvent s'adapter aux situations les plus diverses et opérer une transformation quasi instantanée, je vous propose encore un autre témoignage très révélateur. Pendant que nous montions à La Thuile à l' occasion d'une soirée théatrale, je demandais à Chenal de nous donner un coup de main pour présenter le spectacle et animer la soirée en faisant quelques interventions. Tout d'abord, il rejeta sans appel ma propo– sition. Je lui rappelai que de toute façon il devait faire quelque chose, sans quoi il était inutile qu'il monte là-haut. Finalement après des dis– cussions à n'en plus finir, en arrivant à La Thuile, nous avions fini par nous accorder. Le voilà donc sur la scène jouant le ròle de Touéno. Ce fut un suc– cès. Je tiens cependant à préciser que ce fut l'unique fois de sa vie qu'il monta sur scène. En revanche, il prit à cceur le théaue populaire et à partir de ce jour il se mit à écrire, lui aussi, des pièces en patois. Le soir meme après le spectacle, pendant le ressegnon, il avait repris sa physionomie habituelle et camme de coutume, il prit la
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