de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
Patrimoine et identité à L'Académie de Savoie 153 défavorable, le baron Joseph Jacquemoud en mourut de chagrin, le Secrétaire perpétuel-adjoint Louis Pillet était perplexe. Dans son His– toire de l'Académie publiée en 1892, il déplorera que " l'importance de Chambéry, devenue simple chef-lieu d'un département obscur, soit fort diminuée " . Quoi qu'il en soit l'Académie se mit au service de sa nouvelle patrie. Quand l'Empire se sera bientòt écroulé, elle s'accommodera moins facilement de la République, dont elle partagea cependant les premiers malheurs avec dévouement. Elle aida les victimes de la défaite de 1870. Charles-Albert Costa et François Descostes, futur président de la Com– pagnie, combattirent dans les Mobiles. Il reste que l'Institution avait perdu le prestige qui en avait fait l'Aca– démie de langue française ~es Etats sardes. Elle se retrouvait, camme elle est encore, avec la Florimontane, parmi la trentaine de sociétés constituant actuellement la" Conférence nationale des Académies " sous la protection de l'Institut de France. Les choses étant ainsi, les Académiciens restèrent fìdèles à la Grande Nation. Mais fìdèles à leurs origines, ils voulurent conserver à la Savoie " cetre physionomie particulière que lui donne le caractère de ses habi– tants " camme l'écrivait Eugène Burnier en 1864, dans la Préface de son Histoire du Sénat de Savoie. " Il serait peu patriotique, ajoutait-il, de laisser plus longtemps dans l'oubli ses plus beaux titres de gioire ", que les Français ignorent. Certe référence au patriorisme sera durable. Elle n'est pas sans ambiguité apparente. En fait, il s'agir d'un double patriotisme au ser– vice de la Savoie dont on glorifìe le patrimoine, et au service de la France qui doit ètre fìère de cette gioire. Le drapeau tricolore, oui. Mais aussi la Croix bianche. Pas l'un sans l'autre. François Descostes se fìt le soutien passionné de cetre dualité, mais hiérarchisée. 3 " Parlons français ... mais sachons aussi parler notre vieux 3 Cetre hiérarchie, avec le temps, a joué contre l'identité savoyarde ; la guerre de 1914 contribua beaucoup à l'estomper. Dans son discours de Réception en 1933, le Colo– nel de la Rupelle fait un bel éloge du combatrant de 1914. Il n'a pas un mot pour l'hé– ro'isme des 20 000 tués savoyards.
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