de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

154 Louis Terreaux patois national " s'écriait-il en 1889. 4 C'est un écho du régionalisme dont Mistral se fit le porte-parole. La position de Descostes est inté– ressante, puisque la langue est un fondement essentiel de l'identité d'un peuple. Or l'autonomie de la Savoie qui en est évidemment un autre et qui avait duré huit cents ans avait disparu en 1860. Et le pays ne pouvait pas compter sur la langue française pour assurer sa personna– lité. De plus le patois n'avait pas le prestige du français, bien qu'il fùt un élément significatif de son individualité, par rapport au français et partiellement dans l'ensemble francoprovençal. Avrai dire, pendant longtemps l'Académie ne se préoccupa guère de la langue locale. 5 C'est, il est vrai, au Cardinal Billiet qu'elle est rede– vable du lexique patois des Chapelles, la commune natale du prélat. Mais, si elle couronna l'écrivain Amélie Gex en 1882, c'est pour son poème A une ame sincère, qui est en français, pas pour son reuvre patoise essentielle. Louis Guilland qui en fut le Président en 1967-1870 et en 1872-1873, regrettait, à l'époque, sa frilosité. Plus tard, en 1924, elle couronna les Etudes philologiques du Docteur Joseph Désormaux et les fit imprimer en 1928. Elle reçut en 1977, le Cha– noine Ratei dont le volume ]e parle patois n'est pas seulement un tra– vai! de savant, mais un encouragement pour ceux qui voudraient s'ini– tier à l'usage du savoyard. Depuis lors l'Académie a davantage porté d'intéret au patois. Elle a accueilli parmi ses membres des défenseurs actifs du francoproven– çal savoyard. Elle a été chargée par les Conseils Généraux des deux département savoyards d'un rapport qui devait examiner comment on pourrait sauver ce qui reste de la pratique du patois. Ce rapport a été approuvé. Il reste à le mettre en reuvre. On sait les embuches qui guet– tent les projets pour lesquels s'engagent des politiques. Si l'initiative portait des fruits, l'lnstitution aurait apporté une part au renforcement de l'identité savoyarde. 4 Dans Hommes et choses de Savoie, Rumilly, 1889, p. 69-70, le Présidenr de I'Aca– démie, qui en fut aussi le secrétaire perpétuel évoque l'ceuvre de Joseph Béard un poète chansonnier paroisanr, originaire, comme lui, de Rumilly. 5 Dans un domaine rouchant de près au patrimoine età l'identité, I'Académie n'a émis aucune protestation, quand la France, unilatéralement et sans compensation, a sup– primé le Recrorat institué en 1860.

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