de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
168 André Palluel-Guillard Or c'est d'une toute autre nation, plus petite certes mais plus réelle qu'envisage Joseph Dessaix le créateur de la SSHA en cet été 1855 dans le discours prononcé à cette occasion. La seule nation envisagée est celle des Savoyards, ce qui permet de reconnaitre les autres nations éventuel– les du royaume dont l'unité est alors la monarchie. Certes ce libéral n'en– visage pas un moment que la Savoie puisse quitter le giron de la dynas– tie dont le dernier titulaire a garanti la seule constitution de la pénin– sule italienne ni non plus de démolir cette illustre famille qui, selon lui, certes a eu ses incapables mais qui néanmoins peut s'enorgueillir de n'avoir compté dans sa lignée aucun grand crimine!. Cependant après tant d' historiographes gagés et des chroniqueurs d'antichambre obsédés seu– lement par les tètes couronnées, il est temps que la nation de Savoie redécouvre son histoire et pas seulement celle de ses princes. Pour cela elle doit s'intéresser à ses grands hommes (qui sont !es plus beaux titres de noblesse dont puisse se parer une nation) et à s'attacher à la découverte et à la conservation de tous les monuments du passé, les archives comme les vestiges archéologiques et historiques .. . il fout !es reconstruire parla pensée, l'histoire en relève !es debris que le passantfoule aux pieds. Elle les interroge avec soin et en reb!ìtit pièce à pièce le monument défiguré. Il faut faire une nouvelle histoire non plus le genre aride et stérile qui consistait à présenter dans un cadre plus ou moins étroit que des foits et des dates, en laissant au lecteur le soin de !es raisonner et d'en tirer lui-meme !es conséquences... , mais une histoire entreprise passionn,ément pour retrouver le passé sinon en tout, du moins en partie. Ce souci du passé dépasse les divisions du présent, le terrain choisi est neutre, inaccessih/e aux interprétations que dictent ou !es sympathies ou !es haines. Tous !es partis peuvent sy donner rendez-vous. ... Le but d'une société d'histoire est donc pédagogique, il faut exciter l'opinion à s'in– téresser au passé et ensuite chercher, protéger et faire connaitre les ves– tiges du passé: Ce n'est pas à foire de l'histoire que doivent tendre princi– palement nos efJòrts mais bien à jeter les fondements de l'histoire, à en consti– tuer !es bases, à en chercher les sources, à en découvrir les documents, à en mettre en lumière les matériaux pour !es livrer aux hommes qui, !es coor– donnant un jour, écriront eux-memes, aidés de nos recherches, l'histoire de la patrie... Certes Dessaix trouve bien que la France a toujours eu un plus grand souci de l'histoire que l'Etat sarde mais ici l'histoire se veut plus calme,
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