de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
Entre la France et la "Petite Patrie" 169 moins politisée, moins centr~e sur la question de l'Ancien régime et de la Révolution, avec seulement un but national: depuis les Allobroges, la Savoie est une nation indépendante et libre et pour le prouver d'abord à elle-meme elle se doit de faire son inventaire historique. Lannexion de 1860 compromet cette vision irénique et finalement irréaliste. La Savoie détachée de sa dynastie traditionnelle se lie à la France, réunion soi-disant inévitable, inserite dans la destinée des deux parties, thèse à laquelle Français et Savoyards, ces derniers surpris par leur enthousiasme francophile, ne peuvent que se rallier non sans nuance ... En 1872, une lettre du journaliste Hudry-Menos au prési– dent de la SSHA mon tre bien l' évolution de la pensée historique savoyarde. Lancien Duché a rompu avec ses princes (à moins que ce ne fut l'inverse), il n'est clone plus question d'appuyer sur eux l'attache– ment de la communauté (dans le système français, on ne peut en effet envisager d'autres nations que la nation française) et de meme que les Allobroges ont été fidèles à Rome, les Savoyards seront fidèles à leur nouvelle grande patrie ce qui n'empeche pas, bien au contraire, de s'in– téresser dorénavant à la seule histoire de la "petite patrie" sans contre– dire pour autant les intéret de la grande mais en veillant bien de ne pas s'y fondre inconsidérément. On se veut bien français mais pourquoi faudrait-il admettre la centralisation et ses dangers: je reviens à la société puisqu'elle nous parle de notre cher pays de Savoie, de son passé, de ses tra– ditions et de ses gloires... Il faut entretenir ce petit foyer d'études, cette petite lumière: nous avons été quelque chose dans le monde, si nous vou– lons etre encore dans l'avenir quelque chose de plus qu'une expression géo– graphique et un carré numéroté de la France... On a cru donner à la France ce qu'on enlevait à la province, mais il est arrivé que le patriotisme général s'est appauvri de tout ce que perdait le patriotisme local. On a détruit ces anciennes existences quifaisaient battre le cceur de nos pères, on a ejfacé ces noms aimés qui servaient de mot d 'ordre et de cri de ralliement au jour du clanger, età la piace on a mis des expressions géographiques, des noms absur– des de montagnes, de rivières et de jleuves, subordonnant ainsi l'histoire à la vie, la nature vivante à la natUre inanimée, la France morale à la France physique, l'esprit à la matière... la Savoie aujourd'hui bien aplatie, bien effacéepar la centralisation et l'uniformité caclavérique. . . Toutes ces patries restreintes qui s'élevaient en Gaule jadis sous des formes diverses. .. tous ces accidents nés de l'histoire et de la diversité des caractères et des intérets pro-
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